OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’oeuvre médiatique du 11 septembre http://owni.fr/2011/09/07/loeuvre-mediatique-du-11-septembre/ http://owni.fr/2011/09/07/loeuvre-mediatique-du-11-septembre/#comments Wed, 07 Sep 2011 11:05:23 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=78420 La question revient sans cesse. Comment nous débrouillons-nous avec les milliers d’images auxquelles nous sommes exposés en permanence ? La réponse est simple. L’image n’arrive pas seule, mais accompagnée d’une indication d’échelle qui – par sa taille, sa répétition ou d’autres facteurs de valorisation – situe son importance relative dans la hiérarchie de l’information. Cette indication d’échelle, sans laquelle il nous serait bien difficile de nous orienter dans le paysage médiatique, passe habituellement inaperçue. Elle est pourtant décisive : nous jugeons important ce qu’on nous dit qui est important.

Dès le 11 septembre 2001, les images de l’attentat new-yorkais ont été dotées de la valeur d’information maximale. Retransmises en direct, puis indéfiniment reprises, multidiffusées, commentées, republiées, elles ont été elles-mêmes l’instrument de la construction de leur signification, par un effet de saturation sans précédent de tous les canaux informationnels. Catastrophe bien réelle, 9/11 est aussi, indissociablement, une œuvre médiatique.

Un vieux fantasme

La figure de l’événement partagé en direct par la population à travers la médiation du petit écran est un vieux fantasme des médias, dont on trouve de nombreux exemples au cinéma. Dans Le Jour où la Terre s’arrêta (Robert Wise, 1951), l’arrivée d’une soucoupe volante voit sa construction événementielle se réaliser en temps réel par la retransmission télévisée.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’apparente magie de cette conjonction suppose la mobilisation d’un dispositif complexe, dissimulé par l’illusion d’immédiateté – au minimum la mise en réseau du public et la disponibilité des moyens audiovisuels au moment adéquat. En dehors d’événements programmés, cette figure s’avère difficile à mettre en œuvre. L’évenement ne se laisse pas capturer si facilement : il faudra attendre l’assassinat de Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas, pour qu’elle rencontre sa première incarnation télévisée.

Celle-ci est bien différente de la fiction. Nulle image des coups de feu – que les caméras de télévision n’ont pas enregistrés – n’est alors diffusée. L’événement que les Américains partagent en direct n’est pas le meurtre, mais la gestion télévisuelle de son après-coup, entre images insignifiantes et commentaires hésitants, jusqu’à la manifestation visible de l’émotion du journaliste Walter Kronkite, qui ne peut empêcher sa voix de trembler – rupture du code qui témoigne de son caractère exceptionnel.

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L’association du direct et d’une large diffusion a favorisé le développement d’une véritable fonction sociale des médias de flux que sont la radio et de la télévision. On mésestime cette capacité du média à mettre en scène et à faire partager ce qui est désigné comme le lot commun. La rentrée des classes, les soldes, les embouteillages des départs en vacances ou l’arrivée de la neige font partie de ces événements qu’on appelle “marronniers”, et qui devraient plutôt être interprétés comme l’élévation au rang de rituel par la “messe” du 20h de ces régularités communautaires qui scandent la vie du plus grand nombre. Le rêve de la télévision est de faire vibrer tous ses spectateurs à l’unisson du même spectacle.

Communion hertzienne

Cette figure de la communion hertzienne n’avait pu s’accomplir dans l’épiphanie du direct que dans une poignée de situations soigneusement organisées : déclarations politiques, mariages royaux, rencontres sportives, sans oublier les premiers pas sur la Lune.

Construction événementielle en temps réel, le 11 septembre participe des rares occurrences qui surprennent le dispositif. Revoir les premières minutes de ce que personne ne sait encore être un attentat permet de comprendre la mise en place de ce mécanisme. Avant même son identification comme attaque terroriste ou son attribution à Ben Laden, la collision d’un avion avec le plus célèbre immeuble de Manhattan est déjà perçue comme un “désastre” et située à un degré élevé dans la hiérarchie de l’information – assez pour mobiliser ses formes de présentation les plus dramatiques. La suspension des programmes par le système des Breaking News, le bandeau de qualification et le commentaire live, qui partage la recherche d’informations en aménageant l’attente de leur confirmation, sont les codes qui ont pour fonction de mettre en scène la confrontation directe avec l’événement.

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Il faut un haut niveau de technicité et de professionalisme pour conférer une forme cohérente à cette improvisation en temps réel, qui donne à chaque téléspectateur l’impression de partager l’événement au moment même où il se produit, comme s’il était assis dans le fauteuil du présentateur. Tout ce qui va arriver ensuite – encastrement du deuxième avion, saut dans le vide des victimes, effondrement des tours – était bel et bien imprévu : le scénario rêvé d’un crescendo évenementiel devant les caméras va s’accomplir comme un cauchemar.

Autant qu’au piège de feu des tours jumelles, l’Occident a été pris au piège de sa machine médiatique. Impeccablement huilé, le dispositif qui attendait de longue date de croquer le fait divers s’est fait happer par le 11 septembre. Brèche béante dans le temps télévisuel, la Breaking News ne s’arrêtera plus, s’étirant sur plus de 24 heures, rediffusant sans trève, comme le but d’un match de foot, au ralenti, en gros plan, les scènes les plus spectaculaires de la catastrophe, enfonçant pour toujours dans notre imaginaire ces minutes insoutenables.

Autant que les morts, les blessés, les tours effondrées, le spectacle du 11 septembre a participé du traumatisme infligé aux Etats-Unis. Au moment où l’Occident s’apprête à déclencher une nouvelle fois le Replay de la catastrophe, il est utile de se souvenir que cette blessure n’a pas été infligée par un membre d’Al Quaida, mais par notre propre dispositif journalistique.


Article initialement publié sous le titre “Replay 9/11″ sur L’Atelier des icônes

Crédits photo Flickr CC : by Robert Couse-Baker

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Trévidic contre Bruguière, le script de la bagarre http://owni.fr/2011/06/07/trevidic-contre-bruguiere-le-script-de-la-bagarre/ http://owni.fr/2011/06/07/trevidic-contre-bruguiere-le-script-de-la-bagarre/#comments Tue, 07 Jun 2011 15:51:43 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=66716 Le 16 mai dernier, l’ex juge Jean-Louis Bruguière était entendu comme témoin par le juge Marc Trévidic dans le cadre de l’instruction judiciaire sur l’attentat de Karachi. Un juge qui en auditionne un autre au pôle antiterroriste, un évènement à peine croyable. Le verbatim complet de l’audition que nous publions aujourd’hui permet de mesurer l’importance de ce rendez-vous judiciaire hors normes.

Jusqu’en 2007, le juge Jean-Louis Bruguière pilotait l’enquête sur l’attentat de Karachi du 8 mai 2002, en même temps qu’il présidait ce pôle spécialisé du tribunal. Or, son successeur Marc Trévidic a dernièrement découvert quelques curiosités quant aux actes naguère réalisés – ou oubliés – par son glorieux confrère dans ce dossier.

L’essentiel de cette audition porte sur un rapport d’autopsie capital. Celui du médecin légiste Dominique Lecomte, effectué peu après l’attentat, et qui contredit la thèse de l’attentat suicide. Un rapport passé aux oubliettes sous Bruguière et récemment découvert par Trévidic. Leurs explications à ce sujet, auxquelles participent Olivier Morice l’un des avocats des parties civiles, donnent le vertige. On y apprend que si la justice a été soigneusement tenue dans l’ignorance de ce document, en revanche les services de la DCRI (ex DST) en avaient vu passer une copie, qu’ils se sont bien gardés de transmettre au juge. Alors même que la DCRI travailla – a priori – pour le magistrat dans ce dossier.

Sur place, à Karachi, des sources proches de l’enquête n’ont jamais caché leurs doutes au sujet de la présence d’un kamikaze le 8 mai 2002. Dans les faits, le rapport du professeur Lecomte examine le corps d’un jeune homme présenté comme celui du kamikaze, qui, aurait précipité la voiture piégée contre le bus transportant les Français. Problème, le professeur Lecomte affirme dans ses conclusions que cet homme-là se trouvait en position debout.

Dans les prochaines semaines, d’autres auditions devraient permettre de connaître, dans le détail, la succession de négligences ou de malveillances à l’origine de la disparition de ce rapport, neuf années durant.


Crédits Photo FlickR CC by-nc-sa Frabuleuse
Image de Une CC Elsa Secco

Retrouvez notre dossier du jour sur Karachi :

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Les notes de la DGSE sur les intermédiaires balladuriens http://owni.fr/2011/06/07/les-notes-de-la-dgse-sur-les-intermediaires-balladuriens/ http://owni.fr/2011/06/07/les-notes-de-la-dgse-sur-les-intermediaires-balladuriens/#comments Tue, 07 Jun 2011 12:53:37 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=66657 Les deux intermédiaires libanais du dossier Karachi continuent de bénéficier de contacts à haut niveau dans les milieux de l’armement. C’est l’une des conclusions qui se dégagent à la lecture des notes de la DGSE qui les concernent, datées d’avril 2009 et de février 2010, et que nous publions ci-dessous. Ces notes des services secrets ont été déclassifiées dans le cadre de l’instruction judiciaire sur l’attentat de Karachi.

Les noms de ces deux intermédiaires d’origine libanaise, Ziad Takieddine et Abdulrahman al Assir, ont été cités à plusieurs reprises depuis que la justice a relancé ses investigations sur cette attaque terroriste perpétrée le 8 mai 2002 à Karachi. L’attentat avait pris pour cible un bus transportant des employés français du groupe d’armement DCNS (appelé alors DCN) qui travaillaient sur place à la construction de sous-marins. Ce chantier reposait sur un contrat d’armement signé au Pakistan le 21 septembre 1994 par le gouvernement d’Édouard Balladur. Sur un plan financier, l’affaire s’était peu à peu révélée entachée de multiples opérations opaques, voire illicites.

Le juge antiterroriste Marc Trévidic, qui cherche à reconstituer les conditions de signature de ce contrat d’armement, s’intéresse ainsi à ces deux hommes d’affaires, présentés par de multiples témoins comme les intermédiaires alors imposés par les réseaux balladuriens. Selon la DGSE, le premier d’entre eux et le plus mystérieux, Abdulrahman al Assir, se révèle proche de trafiquants d’armes et de trafiquants de drogue, tout en fréquentant le gotha de la politique et de l’industrie de l’armement. La note de quatre pages ci-dessous, datée du 29 avril 2009, a ainsi été rédigée pendant les dernières négociations militaires et commerciales entre la France et le Qatar (les parties blanchies l’ont été par l’administration, les quelques bandes noires ont été rajoutées par la rédaction pour protéger l’identité et les adresses de tiers).

Au printemps 2009, l’Élysée suivait de près de multiples projets de coopération entre la France et le Qatar, notamment dans le domaine militaire. Les dossiers du moment portaient sur la vente de missiles Exocet à l’émirat, sur la fourniture d’hélicoptères de combats Tigre, ou encore sur l’installation à Doha (capitale du Qatar) de la première succursale à l’étranger de l’École militaire de Saint-Cyr.

Ziad Takieddine, l’autre intermédiaire libanais intéressant la justice – et la DGSE – , a toujours, pour sa part, nié avoir participé aux négociations de 1994 pour la vente des sous-marins Agosta au Pakistan. Cependant, de multiples cadres de l’armement ont affirmé le contraire sous serment. Et le 31 janvier dernier, François Léotard, ministre de la Défense au moment de la signature du contrat, a clairement confirmé sa participation au négoce lors de son audition dans le bureau du juge Trévidic. Dans sa note de trois pages, ci-dessous, la DGSE relève, pudiquement « l’important réseau relationnel de Takieddine » en France.

Sur les trois pages de cette note au sujet de Ziad Takieddine, la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a décidé d’en « blanchir » une en intégralité. Indiquant implicitement que cet homme d’affaire, naturalisé français en 1987, emporte dans son c.v, aujourd’hui encore, quelques secrets sensibles pour la République.

Avec le même esprit cachottier enfin, la CCSDN a transmis au juge une note de la DGSE du 6 juillet 1998 dont le titre est à lui seul une promesse : « Pakistan – France. Marchés de l’armement et affaires de corruption ». Mais sur les cinq pages déclassifiées, six paragraphes seulement n’ont pas été blanchis – comme vous le découvrir ci-dessous. Bien que très parcellaires, ces éléments mettent en évidence la corruption des militaires pakistanais sur ce contrat, et les tensions spécifiques que ces financements illicites ont provoquées à la fin des années quatre-vingt-dix sur place au Pakistan.

Globalement, ces liasses de la DGSE mettent en évidence l’importance des opérations occultes qui ont pu entourer le contrat de 1994. Qu’elles concernent les réseaux proches des balladuriens, ou qu’elles touchent des militaires pakistanais. Sans qu’il soit possible, à ce jour, de déterminer lesquelles auraient pu éventuellement représenter un mobile à l’attentat du 8 mai 2002.


Crédits de Une CC Elsa Secco

Retrouvez notre dossier du jour sur Karachi :

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Les deux attentats du métro de Moscou sur les blogs russes http://owni.fr/2010/03/29/les-deux-attentats-du-metro-de-moscou-sur-les-blogs-russes/ http://owni.fr/2010/03/29/les-deux-attentats-du-metro-de-moscou-sur-les-blogs-russes/#comments Mon, 29 Mar 2010 18:28:11 +0000 Alexey Sidorenko (trad. Claire Ulrich) http://owni.fr/?p=11116 Les blogs se sont montrés particulièrement réactifs après les attentats de Moscou de ce lundi matin. Avec les portails d’information, ils ont pris le relais des médias traditionnels. Une séquence racontée par Alexey Sidorenko, pour Global Voices.

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Photo par Vanity Press sur Flickr

capture-de28099ecran-2010-03-27-a-2253072La routine d’un lundi matin à Moscou a été brisée par deux attentats à la bombe dans le métro [en anglais], qui ont fait au moins 38 victimes et 70 personnes (beaucoup des victimes sont des étudiants ou des personnes de moins de 40 ans).

Les attentats ont été commis par deux femmes, que l’on présume affiliées au mouvement des Rebelles du nord-Caucase [en anglais]. Les blogueurs russes ont été parmi les premiers à annoncer cette tragédie, et sont devenus les seuls médias accessibles, les grands sites d’informations russes étant mis hors jeu par l’afflux de visiteurs et les chaines de télévision étant longues à réagir.

Sur Twitter,  Krassnova remarque[russe], que le mot-clé #metro29 a été cité 40 fois par seconde tandis que les chaines de télévisions ont proposé de leur côté quatre flash. En moins de deux heures, un site dédié, metro29.ru, a été lancé pour couvrir les événements.

L’un des premiers blogueurs à avoir publié la nouvelle a été Marina Litvinovich (abstract2001 sur LiveJournal), une militante de l’opposition, qui a publié des photos de la station de métro Loubianka [russe], où la première explosion a eu lieu :

Lobby of "Lubyanka" Subway Station, photo by abstract2001

La station “Loubianka”, photo de abstract2001

Voici aussi une vidéo sur YouTube de l’évacuation des passagers à la station Park Kulturi où la seconde explosion a eu lieu, publiée par baranovweb [Attention: certaines des images contenues dans cette vidéo peuvent choquer] >

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les réseaux de communication se sont totalement arrêtés ensuite. Alors que les Moscovites terrorisés essayaient d’obtenir des nouvelles de leurs proches ou amis, le réseau de téléphone mobile au centre de Moscou a cédé. Sur LiveJournal, offnet accuse une procédure bureaucratique de cette rupture du réseau de téléphonie mobile ; elle requiert la mise en place d’un répétiteur supplémentaire, même dans les situations extrêmes. Sur Habrahabr, rubyrabbit a publié une liste complète des sites d’informations qui ont plongé dans le noir.

La ligne de métro Sokolnicheskaya (rouge) a été totalement fermée par les enquêteurs. Des blogueurs ont publié une vidéo de la panique des passagers à la station Komsomolskaya. Les Moscovites ont préféré ne plus descendre dans le métro, même si certaines lignes fonctionnaient encore. Le très populaire blogueur Nikolay Danilov (nl sur LiveJournal) a publié des photos de la foule des travailleurs préférant marcher jusqu’à leur lieu de travail.

Muscovites getting to their workplaces, photo by Nikolay Danilov (nl)Photo de Nikolay Danilov (nl)

Les chaines de télévision n’ont pas seulement été lentes à réagir, mais sont aussi accusées de ne pas avoir accordé aux attentats et à l’urgence la place qu’ils méritaient. Un autre blogueur russe connu, Anton Nossik ( dolboeb sur LiveJournal), écrit [en russe]:

в 12:00 по Первому каналу начался плановый выпуск новостей. Не спеша, рассказывают о взрывах метро в Токио (1995), Баку, Париже, Дюссельдорфе, Лондоне, о соболезнованиях Януковича, депутатов Верховной Рады, Ангелы Меркель, передают заявление Бернара Кушнера. Затем скороговоркой дали recap, довольно чёткий, всех основных событий в Москве, длиной в полторы минуты: 35 погибших, 70 раненых, метро не ходит от Комсомольской до Спортивной, в центре города пробки, правительство требует усилить безопасность всех российских аэропортов. На минуту включили Тимура Серазиева с Лубянской площади, и тут же пошла реклама здоровой пищи, пепси-колы, какого-то Антистакса, шоколада «Вдохновение», сока «Любимый»,синтетических моторных масел Mobil1, средства для мытья окон, нового йогурта «Яблоко Мюсли», Афобазола от тревоги и напряжения, кофе Jakobs Monarch, хлопьев от Nestle с цельными злаками. Каждый из роликов был длинней прямого включения с Лубянки. После завершения семиминутной рекламной паузы досрочно началось часовое ток-шоу «Участок».

“A 12h00, Channel One a commencé à diffuser ses programmes habituels. Sans se presser, ils nous ont raconté les attentats dans le métro de Tokyo (1995), Bakou, Paris, Düsseldorf, Londres, ont communiqué les condoléances du [président de l'Ukraine Victor Yanukovich], puis celles des députés ukrainiens, puis celles d’Angela Merkel et Bernard Kouchner.

Ensuite, très succinctement, ils ont diffusé un court bulletin de tous les événements en cours à Moscou, qui durait une minute et demie : 35 morts, 70 blessés, le métro ne fonctionne plus entre Komsomolskaya et Sportivnaya, il y a des embouteillages au centre-ville, le gouvernement demande de multiplier les contrôles de sécurité dans tous les aéroports russes.

Pendant quelques secondes, un de leurs reporters, Timur Seraziev, est apparu à l’image depuis la place Loubianka, puis ils sont passé aux publicités pour des nourritures saines, Pepsi, Antistax, le chocolat Inspiration, le jus de fruit The Loved One, l’huile synthétique Mobil1, un produit pour laver les carreaux, le nouveau yaourt muesli-pommes, Afobazol – un médicament contre l’anxiété et le stress -, le café Jacobs Monarch, les cornflakes au blé entier Nestlé. Chacune des pubs était plus longue que le reportage en direct depuis Loubianka. Après une pause publicitaire qui a duré sept minutes, ils ont diffusé un talk-show qui n’était pas programmé, “District.” “

Les blogs et les portails d’information ont permis de combler le déficit d’informations.

Le portail lifenews.ru a publié une galerie de photos dont des photos des wagons de métro soufflés par l’explosion [Ndt : attention, certaines photos peuvent choquer]. Sur LiveJournal,  seg_oégalement publié des photos de la zone de la station de métro Parc Kulturi.

La BBC et the Guardian ont ouvert sur leur site une page spéciale pour que les lecteurs puissent contribuer à l’information - LiveBlog [en anglais] et Live Coverage [en anglais] – et ont couvert les principaux événements. La plateforme de blog LiveJournal a ouvert un canal spécial [en russe] dédié aux attentats. Ci-dessous, des messages publiés par ceux qui ont survécu aux attentats :

oyolin:

Я работаю на Лубянке. В школе. Начинаю работать в 8. В 7.50 я приехала на Кузнецкий Мост. Хотела перейти на Лубянку, но там всё было в думу, людей не пускали. Вышла через Кузнецкий Мост. На Лубянской площаде сразу же всё перегородили, приехали спасатели. На работе до сих пор кризисная ситуация. Родители звонят, беспокоятся, мамы плачут. Это ужасно.

“Je travaille à Loubianka. A l’école. Je commence à 8 heures. A 7h50 je suis arrivé à la station Kuznetsky Most. Je voulais changer de ligne et prendre Loubianka, mais tout était plein de fumée, les gens n’avaient pas le droit d’entrer. Je suis sorti à Kuznetsky most. Sur la place Loubianka ils ont tout bloqué, les équipes de secours sont arrivées. Nous sommes en pleine crise ici au travail. Les parents appellent, ils sont très nerveux, les mamans pleurent. C’est horrible.”

kotikeksik:

Время 14.40. Я только-только собрала в кучу голову. Меня перестало трясти, когда я встаю со стула, и я больше не плачу. Пытаюсь заставить себя поработать.

“Il est 14h40. je viens juste de réussir à me reprendre. Je ne tremble plus quand je me lève de la chaise, je ne pleure plus. J’essaie de m’obliger à travailler.”

davete:

Выхожу на Парке Культуры. Поднимаюсь уже было к выходу. Рядом идут сотрудники милиции. К ним обращается какая-то женщина:
-Что случилось то?
-Ой, да авария какая-то, технические причины.
В эту же секунду прогремел взрыв.
Противоположный от моего поезд, по направлению к станции Кропоткинская.
Взорвался где-то в середине.
Людей было не много, давки не было. Но взрыв очень мощный. Не сомневаюсь, эта бомба – военного стандарта.

“J’étais en train de sortir de la station Parc Kulturi. Des agents de police marchaient à coté de moi. Une femme leur a demandé :
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Eh bien, un accident, raisons techniques.
Et c’est a ce moment-là qu’à eu lieu l’explosion. Sur le train qui partait dans la direction opposée, vers la station Kropotkinskaya. Il a explosé vers le milieu. Il n’y avait pas tant de gens, pas de bousculade. Mais l’explosion a été très puissante. Pas de doutes, cette bombe était une bombe de type militaire.”

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