OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les 150 millions égarés de la République http://owni.fr/2012/11/14/les-150-millions-egares-de-la-republique/ http://owni.fr/2012/11/14/les-150-millions-egares-de-la-republique/#comments Wed, 14 Nov 2012 12:48:13 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125768 Owni a extrait une liste partielle des bénéficiaires de 150 millions d'euros accordés au titre de la réserve parlementaire, où apparaissent de potentiels conflits d'intérêt. En partenariat avec l'association Anticor, et en attendant la publication intégrale de ces dépenses discrétionnaires, nous proposons à chacun de se plonger dans ce document. Après l'avoir épluché.]]>

Mise à jour, 16 novembre à 18h10
Le député Jean-Michel Couve, cité dans cet article, nous a recontacté pour donner suite à notre article. Lire sa réaction.

150 millions d’euros échappent chaque année à la publication du budget. Sous le titre de “programme 122″ (concours spécifiques et administration) et de multiples programmes ministériels, environ 60 millions sont ainsi attribués et dépensés par les sénateurs et 90 millions par les députés sans que soit publiée la liste des enveloppes ni le reçu des sommes engagées. Faute de disposer d’un document intégral, Owni s’est tourné vers l’annexe au projet de loi de Finances 2013 [pdf] portant sur “l’effort financier de l’État en faveur des associations”, un des deux postes de dépense autorisé pour la réserve parlementaire avec les investissements pour les collectivités locales. En “scrapant” ce document pour récupérer les données correspondant à l’objectif “réserve parlementaire” pour l’année 2011, nous avons pu reconstituer une liste partielle mais riche d’informations des récipiendaires de ce mystérieux programme. Nous vous la restituons ci-dessous et vous invitons à la consulter en document partagé sur Google Drive, liste classée par ordre alphabétique des associations ou par ordre décroissant de montant.

Parti associé de l’UMP

Notre consœur de Mediapart Mathilde Mathieu avait déjà révélé la façon dont le sénateur Grosdidier avait subventionné son propre club de réflexion par l’injection de 60000€ de sa propre réserve parlementaire en 2011. Révélation qui avait valu le dépôt d’une plainte pour prise illégale d’intérêt. A la lecture de l’interminable document que nous avons reconstitué, les conflits d’intérêts émergent.

Au titre de la réserve parlementaire 2011 apparaît ainsi une enveloppe de 50 000 € au nom du “Mouvement initiative et liberté”. Selon la plaquette de ce club politique [pdf], sa création le 16 décembre 1981 répondait à un objectif :

Il s’agissait d’empêcher que les socialo-communistes, après s’être emparés du pouvoir politique, ne mettent définitivement la main sur les esprits et sur les structures de notre pays. Il n’existait pas d’organisation adaptée à ce genre d’action : c’est ce vide que le MIL a voulu combler.

Le site officiel répertorie parmi ses inspirateurs de Gaulle, le général de Boissieu et Jacques Foccart, figure notable de la Françafrique et du Service d’action civique, dissout l’année de la création du MIL. Contacté par Owni, le mouvement n’a pas souhaité répondre à nos questions sur la réserve parlementaire :

Vous croyez vraiment que je vais répondre à une question pareille ?
— C’est votre droit. Et pensez-vous que je puisse avoir des détails sur le statut du Mil vis-à-vis de l’UMP ?
— Il faut aller voir sur le site.

Moins réticent, le site nous apprend que le Mil est un “parti associé à l’UMP” qui, à ce titre, peut disposer de représentants dans son bureau politique. 50 000 € d’argent public ont donc été attribués, en 2011 et en toute discrétion, à un club politique disposant de ses entrées au sein du parti majoritaire à droite.

Sous le titre incomplet de “Association developp durable territoire” se dissimule un autre cas notable. Mais à 130 000 € celui-là. Suivant le numéro Insee, il s’agit en fait de l’association de développement durable du Territoire Maures, à la Garde-Freinet (depuis déménagée à Saint-Tropez) . Laquelle a pour président Jean-Michel Couve, député UMP de la 4è circonscription du Var, qui en fait même une longue mention accompagnée d’une vidéo sur son blog. L’association se fixe notamment pour objectif la rédaction d’un Schéma de développement durable du tourisme. Un sujet que le député Couve traite par ailleurs au sein de son parti, puisqu’il est secrétaire nationale en Charge de l’Hôtellerie-restauration et des Loisirs de l’UMP.

“Personne ne vous parlera”

Dans un autre genre, les 10 000 € accordés au Lion’s Club de Conflans-Montjoie prennent un relief particulier quand on note sur le site de l’association que son président, Claude Ney, est directeur de cabinet chez Arnaud Richard, député UMP des Yvelines (le risque d’homonymie étant écartée à la lecture d’un article de presse local signalant la visite du député à l’association auprès de son assistant).

En survolant les 1 243 lignes du fichier, la majorité des organisations tombent néanmoins dans les grandes catégories de la vie associative : caritatif (les Restos du cœur et la Croix-Rouge reçoivent les plus grosses enveloppes), aide à l’emploi, à la jeunesse et à la famille, associations mémorielles (fondation Charles-de-Gaulle en tête) et activités culturelles et sportives diverses. En regardant de plus près, certains surprendront également quelques organismes de gestion de l’enseignement catholique (OGEC) et associations de chasseurs.

La qualité du fichier laisse cependant à désirer. En colonne “Objet”, nous avons laissé les mentions du fichier PDF original, lesquelles nous apprennent que, dans certains cas, la réserve parlementaire ne représente qu’une partie des dons ministériels (dont le montant n’est pas toujours précisé). Le total des montants que nous avons pu réunir est donc certainement bien inférieur. Le plus gros problème étant qu’il ne s’élève qu’à un peu plus de 10 millions d’euros, soit un quinzième du montant de la réserve. 140 millions sont toujours intraçables.

Pour trouver les sous manquants, nous nous sommes tournés successivement vers l’Assemblée, le ministère de l’Économie et le ministère de l’Intérieur. La première réponse devint un refrain à nos requêtes :

Personne ne vous parlera.

Au fil des jours et mêmes des mois (les premiers contacts ayant été pris avant l’été), le doux parfum d’omerta semblait embaumer du Palais Bourbon à Bercy, passant même la Seine jusqu’à la place Beauvau. Contactés et relancés par nos soins, aucun des deux cabinets ni des services techniques associés n’ont donné suite à deux simples questions : existe-t-il une base compilant les montants de la réserve parlementaire ? Existe-t-il un interlocuteur pour nous parler du système ? Renvoyés à nos chers tableaux, nous nous sommes vus plusieurs fois répliquer que le sujet était “trop technique” et même, par un fonctionnaire du Trésor, que les auteurs des “Jaunes” ne répondaient “jamais aux journalistes, ne cherchez pas”.

Corruption

L’analyse de ce fichier et ses insuffisances imposent cependant quelques constats : les sommes utilisées de façon discrétionnaires le sont parfois dans des cadres qui recoupent clairement la définition du conflit d’intérêt. Quand ce n’est pas le cas (comme pour l’écrasante majorité des bénéficiaires), il s’agit de subventions pour des missions d’intérêt général (aide à l’emploi, l’enfance, l’éducation, l’insertion, etc.) normalement prises en charges par les collectivités ou l’État et donc de circuits détournés d’aide publique. Lesquels donnent parfois lieu, comme c’est le cas pour le député Grosdidier, à des détournements à des profits politiques.

Engagée dans la lutte anticorruption, l’association Anticor tente d’alerter sur le sujet depuis maintenant plusieurs années, comme le souligne son secrétaire général, Pierrick Prévert :

Sur la réserve parlementaire, notre action vise surtout à la mobilisation et à l’information. À l’occasion des dernières législatives, nous avons fait signer la charte Anticor des engagements des candidats à la députation qui engage ses signataires à, notamment, “mettre un terme à la pratique féodale de distribution opaque et inéquitable de la réserve parlementaire”.

Cette démarche reste cependant isolée et les propositions pour lutter contre cette pratique ou bien l’encadrer, ne serait-ce que par la publication de ses comptes, tombent régulièrement dans l’oubli ou le consensus mou. Annonçant son intention de réformer le système, promettant la publication des données, le nouveau président de l’Assemblée, Claude Bartolone, n’a en fait donné comme instruction aux parlementaires socialistes que de limiter l’enveloppe et de respecter les délais administratifs, ainsi que d’éviter les petites subventions. Du côté du rapport Jospin, les mesures “techniques” s’accumulent sur les élections mais les mots “réserve parlementaire” n’apparaissent pas plus que le fameux “programme 122″. Non sollicité par la commission, le secrétaire général d’Anticor regrette ces piétinements :

Chaque petit pas est encourageant, et ces propositions vont incontestablement dans le bon sens mais il est très difficile de s’enthousiasmer tant elles sont en demi-teinte. Le rapport Jospin a 10 ans de retard. Il préconise la fin du cumul avec un mandat exécutif local. Sur le même sujet, la position d’Anticor qui n’est pas franchement révolutionnaire est : interdiction du cumul dans le temps (pas plus de deux mandats successifs), interdiction du cumul avec des mandats exécutifs, mais aussi avec des fonctions exécutives.

Parmi les quelques députés à s’être intéressés au sujet, feu Patrick Roy avait avancé la proposition de proportionner cette aide aux revenus des circonscriptions [pdf] (proposition tombée dans l’oubli une fois dépassé le délai légal de constitution d’un groupe de travail sur le sujet).

Crowdsourcing

Dès lors, il n’y a que deux options face à la situation : soit la réserve parlementaire est illégale car relevant de pratiques que la République réprouve, auquel cas elle devrait être supprimée. Soit elle relève d’une “aide aux collectivités territoriales”, comme l’avançait la députée Marie-Françoise Pérol-Dumont, auquel cas, elle doit être publique dans ses attributions comme dans ses dépenses.

Dans l’attente d’une démarche d’Open Data sur les montants attribués et dépensés dans ce cadre, qui nous apparaît comme la seule démarche logique quant à l’usage des deniers de l’État, Owni s’associe à Anticor pour inviter les citoyens à nous aider dans notre exploration des données déjà collectées. Sur la base du fichier constitué à partir des annexes du projet de loi de Finances, nous mettons à disposition le formulaire ci-dessous afin que chacun puisse, anonymement, signaler des liens dont il aurait connaissance entre une association bénéficiaire et un parlementaire ainsi que la source sur laquelle il s’appuie.

Au fil des jours, nous vérifierons et interpellerons les élus concernés ainsi que les associations. Nous réaliserons à partir des données recueillies des outils permettant de visualiser l’usage de la réserve ainsi que des systèmes de recherche pour faciliter l’accès aux informations contenues dans ces documents. Si nous venions à nous procurer des données complémentaires, elles seraient mises à disposition du public sur Owni et sur le site d’Anticor.

Ce projet ouvert sera mis à jour au fil des contributions et des découvertes. À moins que la décision ne soit prise de publier l’intégralité des attributions et de l’usage de la réserve parlementaire depuis ses origines.


Vendredi 16 novembre à 17h40, Jean-Michel Couve a recontacté Owni pour donner suite à nos questions. Il a confirmé être toujours président de l’association et être à l’origine de la subvention de 130 000€ qui lui a été versée au titre de la réserve parlementaire en 2011 :

Cette association existe depuis 10 ans et, du fait de l’absence de subvention (en dehors des cotisations des mairies membres), nous avions le choix entre tout arrêter ou faire une demande. J’ai donc décidé de verser l’intégralité de ma réserve pour l’année 2011 à cette association qui concentre son action sur une partie spécifique du territoire du Var : le dossier a été instruit par le groupe puis par les services de l’Etat, le ministère de l’environnement en l’occurrence, et personne n’y a rien trouvé à redire.

Interrogé sur l’usage de la réserve parlementaire, le député de la 4è circonscription du Var a défendu le système au nom des “multiples associations qui, depuis des années, ne survivraient pas sans les moyens alloués par ce biais”.


Photo par wand3rl0st[CC-byncnd]

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Quand la Chine s’est éveillée http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/ http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/#comments Mon, 12 Nov 2012 17:22:16 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125806 The Guardian retrace en quelques statistiques animées une décennie de mutation chinoise... 251 milliardaires, onze fois plus d'Internautes et cinq fois plus de divorce.]]> La nouvelle tête de la République populaire de Chine, Xi Jinping, s’apprête à diriger un pays bien différent de celui où il prit ses premières fonctions de secrétaire général pour la province de Zhejiang en 2002. Dans le cadre de sa couverture de la passation de pouvoir suite au XVIIIe congrès de l’organe de décision centrale de l’Empire du Milieu, The Guardian a réuni en une roue d’icônes, à parcourir d’un clic de souris, les grands retournements qu’a connu le pays en une décennie.

Si la Chine s'est occidentalisée dans son économie, elle l'a aussi fait dans ses mœurs : en 10 ans, le nombre de divorce a été multiplié par 5 selon les statistiques du ministère des Affaires civiles.

En 10 ans, la population chinoise s’est transvasée des campagnes vers les villes, qui représentaient selon la Banque mondiale 50% de sa population en 2011. Les milliardaires, notion encore inconnue au début du siècle, sont désormais 251, le PIB par habitant ayant été multiplié par cinq et les investissements directs à l’étranger par quatre. Pour sa part BMW a atteint les 217 000 exemplaires vendus en 2011, là où moins de 10 000 de ses modèles roulaient il y a 10 ans.

Le tableau serait incomplet sans l’évolution des mœurs : l’avènement du tourisme pour 40 millions de Chinois supplémentaires et onze fois plus d’entre-eux qui sont connectés… Mais pour un web sujet à toutes les cautions, notamment du fait du Parti communiste chinois. La seule parti de ce petit instantané qui, lui, ne semble pas avoir changé.

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James Bond tout en data http://owni.fr/2012/10/29/james-bond-tout-en-data/ http://owni.fr/2012/10/29/james-bond-tout-en-data/#comments Mon, 29 Oct 2012 18:28:34 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124460

L’anniversaire de la licence James Bond et la sortie de Skyfall ont déclenché la ruée vers les placards à archives. De l’app à trois volets d’Associated Press (avec un bon gros tableau Excel à la fin) à la célébration “50 ans de mort et de destruction” du Guardian en passant par la kitschissime animation de la chaîne brésilienne R7, les bilans du nombre de victimes, conquêtes et résultats au box-office ont été déclinés sous tous les formats.

Des stats, des baisers... et une plongée d'un scroll de souris dans l'ambiance visuelle de chacun des James Bond. Merci la BBC !

Notre œil et notre souris ont cependant préféré se laisser glisser sur l’élégant toboggan d’infos forgé par les équipes de la BBC. Croisant statistiques (baisers, James-Bondismes et usages du permis de tuer) et chiffre d’affaires des films, l’application décore la visite des affiches originales et des dégaines des acteurs successifs, flanqués d’une réplique culte de leur pellicule phare. Le tout pour chuter sur un petit récap des performances économiques respectives de chacun des 007, assortis de détails sur son recrutement. Et le tout (presque) rien qu’avec du CSS3.

Graphique

Créé pour l’occasion, le site NotoriousBond.info ne vous apprendra rien de plus que les précédents. Mais il le fera avec une certaine classe : d’un mouvement de souris, vous passerez d’un Sean Connery, le plus gros buveur de Martini, au dernier Bond, Daniel Craig, dans un environnement (là encore tout en CSS) fait main. Typos délicates, échos visuels à l’ambiance des films et interface simple et claire…

Un des candidats au concours de visualisation lancé par David McCandless d'Information is beautiful : Notorious, qui décerne à chaque Bond une palme, du plus gros buveur de Martini au plus malchanceux avec les femmes.

Le projet de Christina Winkless, David Paul Rosser et Alexis Cuddyre n’est en fait qu’un pur exercice de style puisque candidat pour le mini-concours Diagrams are forever lancé par l’association Information is Beautiful, de David McCandless, tous les participants s’appuyant sur un jeu de données commun.

Interactif (en portugais)

Dans l’esprit seventies et coloré du dessin animé Archer, le site brésilien Entretenimento propose rien moins qu’une visite en jeu de chaque épisode de la vie cinématographique de l’espion le plus célèbre de sa Majesté.

Chaque méchant, bond-girl et gadget est ici décrit par une fiche signalétique frappée de caractéristiques façon carte Magic.

Linéaire, certes. Répétitif, peut-être. En portugais, admettons. Mais osez dire que l’ambiance – fruit du mélange de dessin, de la musique bondesque en diable et de ces petites cartes de personnages et de gadgets, tout en attributs et compétences à la Magic – ne fait pas trembler en vous la corde du geek ?

Bondonomics

En 50 ans, James Bond a connu deux chocs pétroliers, la fin de l’étalon-or, la crise mexicaine et celles des subprimes… En dehors de Goldfinger, pourtant, aucun épisode ne s’est plongé dans les préoccupations financières des services secrets britanniques. Faute que James Bond s’intéresse à l’économie, c’est l’économie qui s’est intéressée à lui. En l’occurrence à travers le développeur Kevin Luck et la designeuse Leigh Kayley, tous deux auteurs de 007 the Business of Bond.

Ajuster les résultats à l'inflation, consultez les comptes et évaluez la profitabilité de chaque film... Tentative visuelle réussie de Bondonomics appliquées.

Ici, ce n’est pas que le chiffre d’affaires des films qui est décortiqué : c’est tout le bilan comptable ! Pour chaque film, résultats au box office américain et étrangers sont mis en parallèle avec le budget (et peuvent même être ajustés à l’inflation) révélant une information secret défense. En l’occurrence, la profitabilité de chaque film qui, après le record de Dr No (5415%, s’il vous plaît!) a suivi une pente descendante pour ne plus jamais dépasser les 1 000% habituels des années 1970 à partir de Moonraker. Du bel ouvrage taillé à grands coups de la nouvelle bibliothèque Javascript de référence des datajournalistes, D3.js, assortie de require.js et de backbone.js. Cette app participe également du concours “Diagrams are forever” de David McCandless.

Alcool

En dehors d’un flingue et d’un penchant pour les cocktails d’alcool blanc italien, James Bond est d’abord un homme de gadgets. Et aucun fan ne le contredira : l’homme centrale dans tous les 007, c’est Q ! Réalisée à l’aide de la librairie Javascript sigma.js et de la plate-forme opensource de cartographie Gephi, l’application James Bond Actors Network permet de naviguer par acteur ou par épisode dans la galaxie cinématographique des différents films de la licence.

Pour les cinéphiles compulsifs, une cartographie sous Gephi des acteurs de premier et second rang qui ont croisé les caméras des James Bond.

On apprend ainsi, au détour d’une bulle colorée, que Roger Moore et Sean Connery sont moins bien rancardés que la discrète Lois Maxwell, première des James Bond girls s’il en est puisqu’elle a incarné Moneypenny dans 14 films ! Les amateurs regretteront que les bios qui apparaissent à chaque bulle cliquée ne se concentrent pas sur les seules déclinaisons de l’oeuvre de Fleming et se perdent dans des filmographies générales, comme Walter Gotel dont on n’apprend d’une seule phrase qu’il était l’éternel Général Gorki dans les aventures bondiennes durant la Guerre Froide. Un écart vite pardonné, une fois remarqué que le code de l’application est entièrement disponible sur le réseau social Github.

Rattrapage

Tous les James Bond résumés avec des photos, la taille des acteurs, les conquêtes et flingages... ça existe, mais en portugais !

Certes, pour s’aventurer sur l’application bondesque d’Estadao, il faut maîtriser la langue de Chico Buarque. Mais les lusophones ne le regretteront pas. L’application passe en revue l’essentiel, comme le gadget, en offrant aussi bien un résumé de chacun des films de la saga agrémenté de photos qu’un classement par taille des agents et un portrait dessiné des héros, “girls” et “vilains”. Le tout dans un Javascript d’une impeccable efficacité.

Paragraphe de bonne foi : nous avions dégoté tous seuls certaines des apps… jusqu’à réaliser que Visualoop avait une bien meilleure collection que nous. Avis aux amateurs, le travail (anglophone) de nos confrères vaut bien un coup de chapeau et un clic.

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Regarder New York buller son CO2 http://owni.fr/2012/10/26/regarder-new-york-buller-son-co2/ http://owni.fr/2012/10/26/regarder-new-york-buller-son-co2/#comments Fri, 26 Oct 2012 09:30:57 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124230

Veille data

En 2010, New York expirait chaque seconde par les mille pores de la ville deux tonnes de CO2. Pour visualiser ce phénomène, l’agence Carbon Visuals Limited a décidé de faire émerger en grandes sphères bleutées tout le produit de ces émissions à un seul et même endroit à deux pas de l’Empire State Building.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour une pression de 1,87 kg par mètre cube aux conditions de température et de pression atmosphérique normales, c’est un ballon de 10 mètres de diamètre qui surgit toutes les demi-secondes par cette trachée imaginaire, bousculant les taxis en quelques secondes, engloutissant les buildings jusqu’à Bryant Park en moins d’une heure puis submergeant Manhattan au bout d’une année d’expiration…

L'empilement de bulles de CO2 est représenté pour une heure, un jour et un an, enterrant Manhattan sous ses rejets de carbone matérialisés.

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Corruption italienne à la carte http://owni.fr/2012/10/23/la-corruption-italienne-a-la-carte/ http://owni.fr/2012/10/23/la-corruption-italienne-a-la-carte/#comments Tue, 23 Oct 2012 13:45:44 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=123843 Il Sole 24 Ore sur la corruption sur fond de récente interpellation du Président de la Lombardie, en Italie, qui met en lumière l'augmentation des scandales politico-financiers suite à la décentralisation. Le Nord n'a plus à jalouser le Sud dans les affaires de corruption.]]>

Veille data

La rupture historique entre Italie du Nord et du Sud semble se résorber sur un point : en matière de corruption, la plaine du Pô rivalise désormais avec la pointe de la botte.

Dans une carte aussi élégante qu’informative, le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore a répertorié, par région, les mises en accusations et condamnations ayant frappé élus et agents des conseils : 7% des 1 300 conseillers et administrateurs sont actuellement en examen ou ont été jugés coupables de faits de corruption et autres délits politico-financiers.

La géographie des scandales politiques (cliquez pour visualiser le grand format).

Depuis la décentralisation qui a élargi en 2001 les prérogatives de ces instances, les scandales se sont multipliés, doux mélange de manipulation électorale et de détournement d’influence. Le dernier en date (et non des moins spectaculaires) a vu le président du conseil de Lombardie (région de Milan), Domenico Zambetti, embarqué et mis en détention pour des liens avec le crime organisé calabrais, la ‘Ndrangheta. L’élu est suspecté d’avoir “acheté” sa victoire aux élections régionales de 2010 par une livraison de 4 000 voix acquises par la mafia, à raison de 50 € le bulletin. En plus du président de la région, une vingtaine de personnes ont été visées par l’opération de police. De quoi élever ce scandale au rang de plus grosse affaire politico-financière des régions italiennes depuis le Laziogate [it] en 2007.

Dans l'ombre de la réputation mafieuse du Mezziogiorno, les riches régions du Nord s'avèrent tout aussi concernées par les scandales politiques que le Latium, la Campanie ou les Pouilles.

Cette actualité met en lumière un fait que la carte d’Il Sole érige en évidence : contrairement à l’imagerie populaire bâtie sur l’affaire Falcone, la corruption et les scandales politiques ne sont pas le monopole du Mezziogiorno. Classés en jaune pour les mises en examens et rouges pour les condamnations, les élus (“consiglieri”, en clair) et administrateurs (“assessori”, en foncé) concernés par de telles affaires sont certes plus nombreux en Sicile (20 administrateurs mis en examen et 6 condamnés). Mais, au second rang, la Calabre (terre de la N’Drangheta précédemment citée) ne surpasse en scandales que d’une courte tête la très riche province de Milan, la Lombardie. Elément notable : la Sicile ne compte que des élus dans les personnels régionaux visés par des procédures là où les régions du Nord voient leurs administrateurs appelés en plus grand nombre au tribunal.

La majorité des affaires visant les personnels des régions portent sur la corruption et les délits associés (extorsion, détournement et abus de pouvoir), suivis du financement illégal. Les cas liant élus ou administrateurs à la mafia, la prostitution ou les attributions de marchés publics ou de permis de construire n’arrivent qu’en queue de peloton. Sur les vingt régions italiennes, seules quatre sont actuellement, d’après les information d’Il Sole, vierge de toute procédure judiciaire.


Photo par Chris Beckett [CC-byncnd]

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Guild Wars 2 en attendant l’Open Data http://owni.fr/2012/10/18/guildwars2-en-attendant-open-data-gw2-mmorpg/ http://owni.fr/2012/10/18/guildwars2-en-attendant-open-data-gw2-mmorpg/#comments Thu, 18 Oct 2012 10:12:07 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=123107 Image issue du tumblr Fabulous Quaggan

Image issue du tumblr Fabulous Quaggan

Malgré un nombre de joueurs approchant la population parisienne, le jeu de rôle heroic fantasy à univers persistant Guild Wars 2 n’avait jusqu’ici aucun institut de statistique valable.

Parité pièces d’or-gemme

Le 23 août dernier, ce manque a été partiellement comblé quand John Smith, membre de l’équipe du développeur ArenaNet, a publié un billet portant sur l’économie virtuelle dans la bêta sur le blog officiel de ce concurrent de World of Warcraft.

En évaluant notamment l’argent récolté selon les professions choisies par les joueurs pour leurs personnages, le développeur a ainsi pu opérer des corrections pour éviter de trop forts déséquilibres, notamment en faveur des bijoutiers. À cela, d’autres indicateurs ont été ajoutés afin de comparer l’économie du jeu à l’économie réelle (en l’occurrence à celle des États-Unis), comme la distribution des richesses par déciles de population aux Etats-Unis (en dollar) et dans le jeu (en pièce d’or) ou la parité pièces d’or-gemme dans le jeu rapporté au cours de l’action Facebook.

Cliquez sur l'infographie pour l'agrandir

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Fort de l’intérêt suscité par ces considérations économétriques, John Smith a ressorti ses tableaux Excel pour une deuxième fournée le 14 septembre, basée cette fois-ci sur les équilibres entre l’offre et la demande dans le commerce interne au jeu. En clôture de ce billet, ArenaNet offrait cette fois-ci un graphique sur la sociologie et la démographie des personnages créés par les joueurs, classant les préférences en matière de races, professions et compétences commerciales :

Discrimination raciale

Une publication qui s’est muée en polémique quand Peter Fries, un des scénaristes du jeu, a poussé un coup de gueule face à l’ostracisme dont les races des Asuras (lutins technophiles) et des Charrs (félidés béliqueux) se voyaient frappés :

AMHA, ceux qui évitent Charrs et Asuras passent à côté des éléments narratifs les plus puissants de ce jeu.

Les données elles-mêmes ont vite été récupérées par la communauté et notamment par un développeur californien Eric Hazard, qui a remixé les chiffres livrés par ArenaNet en une dataviz interactive.

Consultable sur le site Guildwars2viz, l’application est également décrite dans l’intégralité de son code sur le réseau social Github. A une grosse couche de Javascript, l’auteur a ajouté une bibliothèque de simplification, Coffeescript, et des touches de Python et de LESS (pour le CSS).

Pas forcément niché aux endroits où on l’attend, l’Open Data a également de l’avenir dans le jeu vidéo et les MMO !

Guild Wars 2 Visualization - Eric Hazard (extrait)

Guild Wars 2 Visualization - Eric Hazard (extrait)


Images issues du Tumblr Crossdressing Quaggan et des sites GuildWars2.com et GuildWars2viz.com.

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Les impôts que Starbucks & cie paient vraiment http://owni.fr/2012/10/17/les-impots-que-starbucks-cie-paient-vraiment/ http://owni.fr/2012/10/17/les-impots-que-starbucks-cie-paient-vraiment/#comments Wed, 17 Oct 2012 10:25:42 +0000 Nicolas Patte http://owni.fr/?p=122942 The Guardian dans le radar data du jour. Comment Starbucks, Facebook et leurs amis évitent de payer trop d'impôts au Royaume-Uni.]]> How much tax is paid by major US companies in the UK? Graphic: Paul Scruton/Guardian Graphics

How much tax is paid by major US companies in the UK? Graphic: Paul Scruton/Guardian Graphics

Veille data

Le Guardian a repris hier une information de Reuters selon laquelle la célèbre (et très hype) chaîne de restauration américaine Starbucks ne payait pas d’impôts au royaume de Sa Majesté.

Le web mise sur le fisc irlandais

Le web mise sur le fisc irlandais

Apple vient d'annoncer un renforcement de ses effectifs au sein de son siège européen, en Irlande. La firme recrutera 500 ...

Partant de ce constat, les journalistes de données de la rédaction numérique du quotidien anglais se sont penchés sur les filiales locales des plus grosses entreprises américaines afin d’établir le montant des impôts qu’elles versent depuis quatre ans. Pour cela, ils ont utilisé les services de Duedil, spécialiste des données financières outre-Manche, et la technologie en ligne de Tableau, pour structurer une véritable application web.

L’application permet, entre autres, d’afficher le chiffre d’affaires global de ces entreprises (“UK Turnover”), le profit déclaré avant impôt (“Profit before tax”) et l’impôt effectivement payé (“Tax paid”) entre 2008 et 2011.

Il apparaît que de nombreuses entreprises américaines faisant commerce sur le sol britannique déclarent régulièrement réaliser des pertes. En 2011, Starbucks serait dans le rouge de 32 millions de livres, Google de près de 21 millions et Facebook de quasi 14 millions. Facebook a d’ailleurs été récemment accusé de se moquer ouvertement du monde en ne déclarant qu’une partie congrue de ses ventes.


Illustration How much tax is paid by major US companies in the UK? Paul Scruton/Guardian Graphics

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Comment les États gèrent http://owni.fr/2012/10/16/comment-les-etats-gerent/ http://owni.fr/2012/10/16/comment-les-etats-gerent/#comments Tue, 16 Oct 2012 10:22:24 +0000 Nicolas Patte http://owni.fr/?p=122785 New York Times dans notre veille de journalisme de données aujourd'hui. Le duel entre Obama et Romney sera au couteau, et dans chaque État.]]> Capture d'écran du site New York Times

Capture d'écran du site New York Times

Veille data

Notre veille du jour en matière de journalisme de données, c’est cette jolie et efficace visualisation réalisée par Mike Bostock et Shan Cartner du New York Times.

Sa forme, appelée “diagramme de Sankey“, met en valeur un élément central de l’élection présidentielle américaine : les basculements historiques successifs des États pour un bord ou un autre – et par conséquent pour un candidat ou un autre. Chaque boîte de couleur (rouge pour les Républicains, bleu pour les Démocrates) représente un État proportionné à son nombre de votants ; chaque courbe montre comment le vote a dévié vers la droite ou la gauche au fil du temps.

Si la majorité des États sont assez constants sur le bord politique principal de leurs concitoyens, les choses sont très différentes dans ceux qu’on nomme les “swing states” : littéralement, les États qui oscillent, comme des pendules. Raison pour laquelle les candidats concentrent leurs efforts sur quelques régions durant leur marathon, comme la Floride ou l’Ohio. Ce dernier étant principalement apprécié puisqu’il a toujours donné le nom du vainqueur depuis 1964.

Un tel travail de datajournalisme – extraction de données complexes (à partir de l’atlas des élections présidentielles de David Leip) et mise en forme d’apparence simple et aisée à manipuler – offre une véritable occasion, en un coup d’oeil et quelques glissés de souris, de comprendre un peu mieux l’élection présidentielle américaine, scrutin sur lequel tous les yeux seront braqués dans exactement trois semaines.

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Courir après les policiers municipaux http://owni.fr/2012/10/12/courir-apres-les-policiers-municipaux-open-data/ http://owni.fr/2012/10/12/courir-apres-les-policiers-municipaux-open-data/#comments Fri, 12 Oct 2012 11:40:53 +0000 Julien Kirch et Sabine Blanc http://owni.fr/?p=121935 Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain

Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain

Légende de la carte
Balise blanche = données par ville
Balise bleue = données ou précisions concernant le département

Depuis février 2011, la mission gouvernementale Etalab est censée “apporter son appui aux établissements publics administratifs, pour la réutilisation la plus large possible de leurs informations publiques”. Encore faut-il que la notion d’Open Data soit arrivée aux oreilles desdites administrations. Car notre travail, ou plutôt notre ébauche de travail sur les polices municipales montre, une fois de plus, que l’Open Data est un sport d’endurance. Point d’étape, en espérant débloquer la situation.

La France entr’ouverte

La France entr’ouverte

L'État a lancé son site data.gouv.fr. La France, enthousiaste, ouvre donc ses données publiques comme les États-Unis. ...

Kafka dans la place

Au début de l’été, nous avons lancé avec nos amis de La Gazette des communes un projet commun : une carte de France des polices municipales. En effet, ce corps de métier prend une part de plus en plus importante pour assurer la sécurité intérieure. Ses effectifs ont doublé depuis une vingtaine d’années et elle représente la troisième force de police de France.  La doctrine d’emploi varie aussi d’une collectivité locale à l’autre, entre rôle préventif et véritable supplétif de son homologue national. Des différences de point de vue dont témoigne le débat sur le choix d’équiper les hommes avec des armes à feu.

Et au-delà des simples chiffres bruts, il y avait là une belle matière à analyser en rajoutant des couches de données :

- ratio effectif police municipale/police ou gendarmerie nationale
- type d’armement
- couleur politique
- revenu par habitant
- taux de délinquance
- service public comme La Poste
- la présence de caméras de vidéosurveillance

Ce projet était, sur le papier, facilement réalisable. En effet, une étude a été publiée en juin par le Centre national de la fonction publique et territoriale (CNFPT) avec des données agrégées. Les données brutes existent donc bien quelque part. L’organisme nous a répondu par la négative et notre relance étonnée n’a pas eu de retour.

Restait donc le ministère de l’Intérieur, qui nous a renvoyé fissa… aux préfectures. Pour mémoire, la France compte 100 départements, soit 100 adresses mails de service communication à lister dans un premier temps. Bien sûr, il aurait été trop simple que les coordonnées, à jour, fussent accessibles de façon claire sur chaque site de préfecture. Nenni, il a fallu aller les gratter sur Mediasig, avec un taux de courriels erronés non négligeable.

Au final, du pire au mieux, voici ce que les préfectures nous ont envoyé. De maigres résultats rageants, sachant que les préfectures ont ces données, comme l’une d’elles nous l’a confirmée :

Dans la mesure où les policiers municipaux font l’objet d’un double agrément préfet-procureur, toute préfecture est en mesure de sortir le nombre de policiers municipaux qu’elle a agréé. De plus le ministère demande des stats tous les ans.

Du néant au Graal du .xls

☠☠☠☠☠ : aucun retour. C’est le cas des 3/4 des préfectures environ.

☠☠☠☠ : un retour négatif, doublé d’un échange kafkaiën, comme celui que nous avons eu avec le service de communication du Morbihan, fort empressé au demeurant. Au moins sait-on pourquoi notre demande est refusée et vite, avec un humain au bout du fil :

- On ne les donne pas, voyez avec les communes, cela relève de leur responsabilité.

- Mais vous avez ces chiffres, puisque d’autres préfectures me les ont passés.

- Si d’autres préfectures ont pris la responsabilité de vous les passer, c’est leur choix. C’est du domaine des communes, adressez-vous à elles.

- Mais où est la prise de risque de me donner une information publique, les citoyens sont bien informés quand leur conseil municipal décide ?

- etc.

Le datajournalisme appliqué à la police

Le datajournalisme appliqué à la police

Sur un sujet par nature difficile à appréhender, car entouré d'une relative discrétion, le datajournalisme permet de ...

Fin du coup de fil, le point Godwin a été réfréné. Trop facile.

Variante en Haute-Savoie

- “Voyez avec les mairies, voici le mail de l’association des maires.”

Mail dans ce sens, réponse 15 jours plus tard :

- “Nous avons bien reçu votre demande mais nous ne pouvons malheureusement pas y répondre favorablement dans la mesure où n’avons absolument pas à notre disposition de telles listes. Je ne comprends pas pourquoi la Préfecture vous a renvoyé vers nous…”

Rebelote vers la préfecture. Nous attendons toujours leur réponse.

☠☠☠ : on nous passe des données mais ce sont des effectifs globaux pour le département, comme par exemple dans l’Hérault. À noter qu’en dépit d’un mail initial assez clair, la Moselle a d’abord envoyé ce type d’information. En insistant un peu, on a fini par récupérer le détail. Certes un pdf qu’il a fallu retaper, mais quand même (cf ☠☠).

☠☠ : un pdf imbitable est envoyé, ou pire un xls qui fait des caprices après vous avoir bercé de fausses illusions. Au final, ça va plus vite en recopiant.

: le document consent, au prix de quelques contorsions, à rentrer dans notre feuille de calcul. Comme dans la chanson, “mon indocile, mon difficile, et puis docile…”. On a aussi eu le cas de données envoyées dans le corps du mail.

coeur : un merveilleux tableau Excel ou un pdf qui se laisse copier-coller sans les petites bizarreries de mise en page habituelles avec ce format pourri dont les charmes nous échappent parfois. Ces cas-là se comptent malheureusement sur les doigts de la main d’un menuisier en fin de carrière.

Texte : Sabine Blanc
Carte : Julien Kirch


Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain / repimpée ici et sur la une par Owni /-)

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Bye bye banquise http://owni.fr/2012/09/28/bye-bye-banquise/ http://owni.fr/2012/09/28/bye-bye-banquise/#comments Fri, 28 Sep 2012 15:33:37 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=121237 Owni fait le tour de la question avec plein de data dedans.]]>

D’ici 3 ans, l’Arctique pourrait devenir un océan comme les autres.

Les derniers relevés du National Snow and Ice Data Center (NSIDC hebergé par l’université du Colorado) et la Nasa faisaient état d’une chute à 3,41 millions de kilomètres carrés de banquise au Pôle Nord (16 septembre dernier), soit 18% sous le précédent record en septembre 2007 (4,4 millions de km2). Mais surtout, moins de la moitié de mer gelée qu’à la fin des années 1970, aux premières mesures. Selon le glaciologue Peter Wadhams du département de physique de l’Océan polaire de l’université de Cambridge, l’accélération du phénomène pourrait mener à la disparition pure et simple de cet océan gelé non pas à l’horizon 2070, comme le prévoyait le Giec en 2007, mais en… 2015-2016.

L’ampleur du phénomène est difficile à se figurer en se postant sur un pôle (exercice peu courant sous nos latitudes). La quantité de mesures réalisées (et mises à disposition en ligne) par le NSIDC permet néanmoins de constater l’évolution générale du phénomène. Comme toute étendue de glace (terrestre ou marine), la banquise arctique gèle et fond au rythme des saisons, suivant un yoyo d’une amplitude de plusieurs millions de kilomètres carrés de patinoire. Un graphique de ce cycle prenant en compte toutes les données mises à disposition par le centre depuis les premières mesures en 1978 ne met guère en évidence phénomène qui alarme les scientifiques (voir le graphique ci-dessus).

En revanche, en relevant les minimas de chaque année (généralement au mois de septembre), le rétrécissement de la banquise arctique apparaît comme brutal et récent (voir le graphique ci-dessus). Entre 1978 et 2000, la surface ne dépasse pas les 7,6 millions de kilomètres carrés et ne descend jamais sous 5,6. A partir de 2001, elle n’excèdera plus les 6 millions de kilomètres carrés et approchera même 4 millions de kilomètres carrés en 2007.

Un datagif qui glace le sang

Rapportés à un carte, le constat n’est pas si évident : coincée entre le Nord de la Russie et le champs clairsemé des îles canadiennes, la régression est visible mais pas spectaculaire. A la manière de Skytruth, nous avons transposé la surface de ces étendues glacées aux contrées tempérées de notre luxuriante Europe. Les relevés géographiques mensuels des contours de la banquise de NSIDC, une fois projetés sur Google Earth, font apparaître l’effondrement (voir notre carte en .gif ci-dessous). Dans les années 1980, c’est toute l’Australie que l’on aurait pu cacher sous les glaces arctiques tandis que depuis 2007, seuls les Etats membres de l’Union européenne y trouveraient leur place…

Faute de relevés géographiques, nous avons du nous contenter pour le record de 2012 d’une projection. Le plus bas de 2012 étant de 18% inférieur à celui de 2007, les contours représentés sur la carte représentent, à proportion, la diminution de la surface minimum de la banquise. Au 16 septembre 2012, la partie gelée de l’Arctique représentait seulement 3,41 millions de kilomètres carrés, soit l’équivalent des surfaces ajoutées de 16 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Irlande, Italie, Norvège, Pologne, Portugal, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse, en se basant sur les données géographiques de la Banque mondiale).

Plongée dans la mer, la banquise se comporte comme un glaçon dans un verre : l’eau issue de sa fonte n’entraîne pas, ni n’entraînera directement la montée des eaux. Elle représente cependant un “stock” de froid qui influence la température des courants marins et aériens, dont l’évolution pourrait influer sur notre climat si ce stock venait à disparaître. Si la banquise arctique n’est pas la fièvre elle-même, elle constitue un thermomètre efficace du bouleversement climatique qui s’opère. Mais un thermomètre qui disparaît à vue d’oeil et ne sera bientôt plus qu’une goutte d’eau dans l’océan.


Nos données

Toutes les données utilisées sont tirées du Sea Ice Index du NSIDC (à l’exception des données de surface des pays, récupérées sur le site de Banque mondiale) :
-l’intégralité des mesures de l’étendue de la banquise arctique depuis le 26 octobre 1978 (Google fusion table) ;
-les minima et maxima de surface de 1979 à 2010 (Google Drive). Les mesures n’étant pas complètes pour l’année 1978, nous avons préféré l’exclure de ce tableau.


Photos par StormPetrel et Jeff Huffman sous licences Creative Commons, remixées par Ophelia Nor pour Owni /-)
Carte et gif : Sylvain Lapoix et Nicolas Patte. La carte a été réalisée grâce à Qgis et Google Earth.

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