OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Hacktivisme contre la Hadopi espagnole http://owni.fr/2012/02/28/hacktivisme-contre-la-hadopi-espagnole/ http://owni.fr/2012/02/28/hacktivisme-contre-la-hadopi-espagnole/#comments Tue, 28 Feb 2012 15:15:16 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=99647

Le nouveau ministre de la culture, José Ignacio Wert, successeur Angel Gonzales-Sinde

Pourrir la Ley Sinde, la Hadopi espagnole, dès sa mise en œuvre le 1er mars, en pointant ses failles : l’objectif de l’”opération Wert de Enlaces” (#opwert sur Twitter) initiée par le réseau hacktivistas est clair. Cette opération doit son nom à un jeu de mots jouant sur la similitude sonore entre Web de Enlaces, qui signifie lien Internet en espagnol, et le nom du ministre de l’Éducation, de la culture et des sports, José Ignacio Wert. Ce dernier est en effet à la manœuvre pour promouvoir la nouvelle loi.

Le principe, simple, reprend celui de l’effet Barbara Streisand. La chanteuse avait attaqué des photographes pour empêcher la diffusion de clichés de sa maison et s’était retrouvée avec des quantités de copies en circulation sur le Net. Cette fois-ci, les opposants sont invités à mettre un lien vers une œuvre diffusée de façon illégale :

Nous avons choisi une œuvre copyrightée© de la SGAE [principale société de gestion des droits d'auteurs en Espagne]. Pour participer, il suffit de faire un lien sur votre blog ou de l’utiliser sans la permission, et d’autoriser à être dénoncé par l’auteur à la commission du ministre de la Culture en charge de l’application de la loi. À partir du 1er mars, l’auteur  dénoncera tous les sites qui ont fait un lien vers son œuvre :)

Faites passer le mot afin que l’impact soit maximal. Pour participer, vous n’avez qu’à aller sur http://www.wertdeenlaces.net et remplir le formulaire où vous vous accuserez d’avoir fait circuler une œuvre protégée sans l’autorisation. L’auteur de l’œuvre l’utilisera pour porter l’affaire devant la commission. [source]

On trouve aussi un petit code à intégrer sur son site, qui reprend le visuel de l’opération : une bouche rouge avec “Bajamé” (“téléchargez-moi”) et un lien vers la chanson en question.

Manifeste « en défense des droits fondamentaux sur Internet »

Manifeste « en défense des droits fondamentaux sur Internet »

Publié il y a deux ans, ce texte avait été écrit en réaction à la ley Sinde. Cette loi jugée liberticide par des ...

Ce cadeau de naissance est un épisode de plus dans la lutte menée par la société civile contre cette loi initialement porté par le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, plus précisément par la ministre de la Culture Angeles González-Sinde, dans le cadre de la loi pour l’économie durable.

En décembre 2009 déjà, un manifeste est rédigé dans l’urgence, contribuant à disséminer le vent d’opposition. La principale crainte exprimée concerne la création d’une autorité administrative ayant le pouvoir de demander le retrait de contenus. En cas d’absence de réponse, cette commission peut se tourner vers la justice.

Dans un premier temps, l’opposition citoyenne est efficace :  le Congrès rejette la Ley Sinde en décembre 2010, avec le soutien du principal parti d’opposition de l’époque, le Parti Populaire (PP).  En 2011,  la Le fait de nouveau son apparition, hors du cadre initial de la loi pour l’économie durable et avec des modifications. La polémique et la colère enflent quand des câbles diplomatiques fuités par WikiLeaks révèlent que les États-Unis ont fait pression pour la mise en place de cette législation. Le gouvernement Zapatero sautera avant qu’elle ne soit adoptée, en novembre dernier. Le PP, de retour, ne trainera pas à la finaliser.

Potache en apparence

L’objectif de l’opération est triple, comme nous l’expose Lord Epsylon, un des membres d’Hacktivistas :

Remettre la loi au centre du débat public.
Montrer que leurs intérêts sont lucratifs.
Saturer les tribunaux avec des demandes en masse.

Espagne Labs: inventer la démocratie du futur

Espagne Labs: inventer la démocratie du futur

Des assemblées numériques reliées entre elles, un réseau social alternatif, des outils open source et des licences libres ...

L’Espagne est en pleine crise économique, et les libertés numériques ne sont plus un enjeu de premier plan. “Le pays est dans un état de convulsion en ce moment, déplore Lord Epsylon. D’un point de vue macro, ce n’est pas la préoccupation principale. Mais en ce qui concerne l’éducation, la culture, la défense, oui, car la commission pourra fermer des sites sous le prétexte du copyright. Nous savons qu’après, cette possibilité sera utilisée pour fermer des sites ’subversifs’. Vous savez, 1984.”

Récemment, les Anonymous ont hacké l’attention médiatique à propos de la Ley Sinde lors de la cérémonie des Goya, les César espagnols, à coup d’attaque DDoS et en montant sur scène. Mais Wert de Enlaces, sous ses allures potaches, porte le fer dans la plaie juridique,  comme l’explique Francisco George, un des auteurs du manifeste et membre du Parti pirate espagnol, le seul qui participe à l’action :

Il s’agit de tester les véritables raisons de la mise en place de la Ley Sinde. S’agit-il de la protection du droit d’auteur, comme ils le disent, ou des droits de diffusion et de reproduction, détenus souvent par des majors ? Nous verrons s’ils admettent qu’un auteur puisse porter plainte. Si elle accepte, de quelle manière va-t-elle agir ? La loi est très vague, elle ne prévoit pas à partir de combien de liens la commission peut demander la fermeture d’un site. Auront-ils le culot de demander la fermeture du site d’un parti politique ? Elle introduit aussi la notion de “dommage patrimonial”, là encore très floue.

“La commission pose aussi question, on ne sait pas si des gens sont déjà nommés d’une part. Prendra-t-elle aussi le risque de commettre un délit de prévarication ? La Ley Sinde va déjà à l’encontre de deux décisions récentes de la Cour de justice européenne, Sabam, l’équivalent de la Sacem belge, contre le FAI Scarletet Sabam contre le réseau social Netlog.

Récemment, les juges ont aussi relaxé Sinetube, un site de liens de téléchargement de films en direct download”.

Forcément vainqueur

Lord Epsylon pense qu’Hacktivistas ne peut que sortir vainqueur de l’opération car un des objectifs au moins sera atteint :

Si la commission ne prend pas au sérieux notre demande de jugements en masse, nous montrons aux gens que cette loi est tournée contre leurs cibles, sans jugement, ce qui est anticonstitutionnel.

Si la commission entame un procès contre nous, nous gagnons encore car nous verrons comment la loi marche dans le détail – nous avons un avocat très sympa prêt à travailler là-dessus – ;  nous donnerons du temps à la communauté pour se préparer. On épuisera leurs ressources avec une demande de masse.

Une opération habile. Il faut dire qu’Hacktivistas a déjà un long passif sur le sujet. Le groupe a ainsi lancé entre autres opérations un Manuel de désobéissance à la Ley Sinde, la liste de Sinde et Sindegate (lien mort).

Pour l’heure, il n’y a pas eu de réaction officielle, le gouvernement étant trop occupé avec le scandale de corruption qui touche le gendre du roi, selon Lord Epsylon. Mais l’opération est bien arrivée dans le collimateur. “Nous avons un historique des visiteurs, la SGAE, le ministère de la Culture, la police en font partie, donc ils savent, et nous savons qu’ils savent”, s’amuse le hacker.

Côté média, l’intérêt est pour l’instant timide aussi. Le quotidien de centre-gauche Publico a interrogé Enrique Dans, professeur spécialiste des systèmes d’information et un des auteurs du manifeste. Il y dénonce de nouveau une aberration juridique ne respectant pas le principe de séparation des pouvoirs, d’autant plus inepte qu’il est désormais connu que c’est un fruit du lobbying américain et que des lois similaires comme Sopa et Pipa aux États-Unis doivent faire marche arrière. Logiquement, Enrique Dans a relayé Wert de enlaces sur son blog.

Lord Epsylon espère que l’opération décollera le 1er mars. En attendant, l’info circule de mailing list en réseaux sociaux. Ce mardi, soit une semaine après que la campagne a commencé, plus de 200 sites s’étaient accusés et la chanson avait été téléchargée plus de  12 500 fois.

Deux recours

Mais le test pourrait être repoussé : deux recours ont été déposés ce mois-ci pour demander la suspension en attendant que le tribunal décide de la légalité. L’un d’une association d’internautes, l’autre par des  regroupements d’entreprises du numérique, représentant 500 entreprises parmi lesquelles Telefónica et El Corte Inglés, la plus grosse chaîne de grands magasins d’Espagne. Comme pour Sopa et Pipa, combattus par Google, Yahoo et Twitter entre autres , ce secteur fait à son tour pression, non pas amour pour les libertés numériques mais pour défendre ses intérêts sonnants et trébuchants.


Dessin du ministre de la culture Wert sur le site Hacktivistas.net

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Aux sources de la colère ibérique http://owni.fr/2011/05/24/aux-sources-de-la-colere-iberique/ http://owni.fr/2011/05/24/aux-sources-de-la-colere-iberique/#comments Tue, 24 May 2011 13:16:12 +0000 Quentin Noirfalisse http://owni.fr/?p=64273 Sur fond de protestations populaires qui s’amplifient en Espagne, la gauche a lourdement perdu les élections municipales. Les sit-ins qui ont émaillé l’Espagne ces 7 derniers jours devraient se prolonger jusque dimanche prochain. Passée au crible, cette révolte ne nous apprend pas seulement qu’elle s’épanouit sur la toile en général et les réseaux sociaux en particulier, mais qu’Internet et les idées contraires que s’en font politiciens et citoyens aurait contribué, avec l’aide du marasme économique, à mettre le feu aux poudres.

Lundi 23 Mai, Puerta del Sol. 20:00h. À peine tapée, l’injonction galopait sur les réseaux sociaux. Elle s’adresse aux indignados, citoyens pacifiquement furibards d’une Espagne à genoux. Rendez-vous était pris pour gonfler davantage les protestations populaires sur la place du Sol, à Madrid, ce dimanche, alors que les décomptes des élections électorales et régionales commençaient. Depuis le 15 mai, les indignés ont investi les pavés ibères et les consciences désormais embarrassées de leurs représentants politiques. Ce dimanche-là, des manifestations s’emparèrent d’une cinquantaine de villes espagnoles. Des milliers de personnes s’agglutinèrent aux cortèges, dont la composition sociale bigarrée (employés, chômeurs, retraités, étudiants) scandait les trois mots du ras-le-bol : No les votes. Ne vote pas pour eux. Dans le viseur, les paquebots politiques à la dérive, socialistes du PSOE en tête, suivis de près par les conservateurs du Parti Populaire (PP) et la formation catalane de centre droit Convergence et Union (CiU).

Rapidement, les manifestations du dimanche 15, initiées par un appel de la plateforme ¡Democracia Real Ya! (Une vraie démocratie, maintenant !), engendrèrent d’autres activités de protestation. Depuis lundi, les tentes et les slogans champignonnent à Puerta del Sol. « Je ne suis pas antisystème, c’est le système qui est antimoi » ou « Vous sauvez les banques, vous volez les pauvres » traduisent une remise en cause globale d’une économie moribonde. Le taux de chômage dépasse les 20%, atteignant même 41% pour les moins de 25 ans. Ce deuxième chiffre est le même qu’en 2009, trahissant l’incapacité du gouvernement à offrir des solutions concrètes à la crise que traverse le pays.

Un diagnostic assassin

Un rapide coup d’œil au diagnostic économique effectué par l’OCDE sur le patient hispanique, frappé d’une crise immobilière aiguë, n’incite guère à l’optimisme : « l’économie sort lentement d’une profonde récession qui aura des conséquences durables », « détérioration prononcée des finances publiques », nécessité absolue « de réformer le marché du travail », etc. En dépit de la rigueur prônée par le docteur OCDE, le Laboratoire Européen d’Anticipation Politique estime dans son dernier bulletin, qu’en Espagne, comme au Portugal, en Grèce ou au Royaume-Uni, « la diminution de la couverture sociale et les mesures d’extrême-austérité mises en œuvre [...] font exploser le nombre de pauvres ».

Fait moins connu, le pays est également traversé par une corruption tenace. A tel point que le mouvement citoyen No Les Votes a développé un Corruptodrome, où s’esquisse impitoyablement une Espagne gangrénée par la spéculation urbanistique et les détournements de fonds. Plus encore que la politique du gouvernement Zapatero (premier responsable, dans les sondages, du mal-être hispanique), c’est un air du temps dominé par les magouilles tous partis confondus et les courbettes au sacrosaint univers de la finance qui étouffe les manifestants et justifie leur descente dans la rue. Pour la jeunesse espagnole, la génération la mieux formée de l’histoire du pays, l’horizon immédiat n’a rien d’autre à proposer que le trou noir de la débrouille.

L’Islande comme modèle

Caisses de résonance de ces inquiétudes, les premières manifestations du dimanche 15 mai n’ont guère intéressé les médias traditionnels. La police y a procédé à des arrestations qui ont encouragé des manifestants à créer un campement à la Puerta del Sol afin de réclamer la libération des détenus. Lundi 16, à l’aube, les campeurs-citoyens étaient dispersés par les forces de sécurité. Il n’en fallait pas plus pour que la colère gronde sur Facebook et Twitter et se prolonge avec insistance dans la rue. Rapidement, les calicots firent référence au précédent islandais, l’élevant même au rang de modèle.

En septembre 2008, Wikileaks publiait un rapport confidentiel sur la santé extrêmement vacillante de la Kaupthing, la principale banque du pays. Un mois plus tard, le pays chutait aux frontières du chaos économique. Hördur Torfason, un prolifique auteur-compositeur2, décida alors d’organiser, tous les samedis, guitare en bandoulière et micro en main, un rassemblement devant l’Althing, le parlement islandais. La mobilisation enfla au point de forcer la dissolution du parlement, l’organisation de nouvelles élections et agit comme le déclencheur d’une nouvelle attitude politique. Les banquiers qui avaient mené le pays dans les abysses statistiques allaient être poursuivis et la constitution rénovée. Cette semaine, Torfason, le héros malgré-lui de ce mouvement citoyen de fond, publiait une vidéo où il transmettait son expérience et ses encouragements aux manifestants espagnols.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une loi comme détonateur

A Madrid, Barcelone et ailleurs, le passage d’un mécontentement stoïque et intériorisé à la rue tirerait son origine d’une décision politique sur l’Internet : la ley Sinde, version espagnole de la HADOPI française (comprenant également des accents de LOPPSI). Cette loi, introduite comme un amendement intégré dans une package législatif plus global, la « Ley de Economía Sostenible » (Loi pour une économie durable), définit un encadrement strict de l’Internet. Elle prévoit notamment de bloquer rapidement l’accès à des sites où l’on peut télécharger des contenus sous droits d’auteur. Pour Enrique Dans, professeur à l’IE Business School de Madrid et blogueur, l’origine des manifestations serait « le moment où les trois grands partis, PSOE, PP et CiU, ont formé un pacte pour faire passer la ley Sinde, en contradiction flagrante avec la volonté d’une grande majorité de citoyens, pour faire plaisir à un lobby. Attention, ceci n’est que le début, le détonateur : à l’heure actuelle cela n’a déjà plus d’intérêt ou de pertinence dans les manifestations. [...] De l’activisme contre la ley Sinde est né le mouvement #nolesvotes (ne votez pas pour eux)».

Dans rappelle toutefois que « les véritables raisons sont, et cela n’a échappé à personne, des sujets tels que la gestion de la crise économique, la corruption, le chômage [...] et surtout, la désaffection envers une classe politique identifiée comme l’un des problèmes majeurs de la citoyenneté dans les enquêtes du CIS (le Centre des études sociologiques) ». La liste d’une quarantaine de propositions concoctées par ¡Democracia Real Ya! contient, outre un contrôle accru de l’activité des politiques (et de leur absentéisme), un volet dédié aux libertés citoyennes et à la démocratie participative. Le premier point est clair : pas de contrôle de l’Internet et abolition de la ley Sinde.

De la Place Tahrir à la Puerta del Sol : un pas infranchissable

Rapidement, la tentation d’établir une comparaison avec les précédents tunisien et, surtout, égyptien s’est installée. Certains ingrédients semblent similaires. Utilisation des réseaux sociaux pour diffuser l’information et mobiliser les foules, avènement d’un visage symbolique (les pleurs télévisuels de Wael Ghonim, cyberdissident et ancien directeur marketing chez Google au Moyen Orient, d’un côté, la tirade téléphonique de Cristina, citoyenne de Burgos, qui s’insurgea contre des commentateurs moquant les manifestations, de l’autre), situations économiques pas jolie jolie et perspectives d’avenir étriquées.

Par rapport aux ponts jetés (notamment par certains manifestants) vers les révoltes égyptiennes, Jaime Pastore, professeur de sciences-politiques, distingue un « effet d’émulation ou de contagion » notamment grâce aux comparaisons faites « avec le symbolisme de la place Tahrir ». En insistant lourdement sur la différence de situation entre des Égyptiens cherchant à faire tomber une dictature et des Espagnols voulant contribuer à une nouvelle manière de faire de la politique, Pastore ajoute, dans une autre interview :

« Les révoltés dans le monde arabe sont confrontés à de vraies dictatures et ici, nous avons une démocratie de mauvaise qualité soumise à la dictature des marchés ».

Les contextes économiques sont également différents. L’Egypte faisait face à un manque criant de produits alimentaires de base et 40% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. L’Espagne, elle, est confrontée à un problème systémique que l’on retrouve dans d’autres pays occidentaux. A l’échelle européenne, elle est la manifestation la plus évidente et la plus marquée d’une croissance du chômage chez les jeunes, qui a bondi de près de 5% dans l’Union Européenne entre 2007 et 2009 selon l’Organisation mondiale du travail.

« Une dose d’urgence dans l’air »

La mobilisation espagnole sur, avec et en dehors d’Internet, a, selon Pastore, d’ores et déjà créé une « nouvelle subjectivité commune, plurielle et créative ». Son impact sur le long terme et, plus précisément, l’utilisation durable des réseaux sociaux, doit encore être démontré. En Egypte, l’enthousiasme autour de la « révolution Twitter-Facebook » a très vite été relativisé. Ainsi, le nombre d’utilisateurs de Twitter se définissant comme égyptiens au moment des manifestations se situait seulement, selon les données disponibles, aux alentours de 14000. Les réseaux sociaux s’étaient avérés être un moyen efficace de communication vers l’extérieur et vers les privilégiés dotés d’une connexion à l’intérieur, mais l’essor du mouvement relevait davantage d’une mixture dans laquelle le téléphone (arabe ou cellulaire), la capacité des masses populaires (déconnectées) à rejoindre les manifestations et le rôle d’une chaîne comme Al Jazeera se sont révélés déterminants.

Comme l’explique Anne Nelson, spécialiste des nouveaux médias, dans une tribune au Guardian, « les médias sociaux peuvent apporter une contribution impressionnante quand il y a une dose d’urgence dans l’air, qui se transforme rapidement en adrénaline. Sans cette charge, l’activisme en ligne peut s’évaporer rapidement. » Au vu du dynamisme virtuel et réel étalé par les manifestants espagnols, nul doute que le sentiment d’urgence a donné une impulsion décisive à leur action. Quant aux limites et opportunités des réseaux sociaux en situation de crise mais aussi en dehors, Geek Politics y reviendra en profondeur très bientôt.


Article initialement publié sur Geek Politics

Photos et Images FlickR CC : AttributionNoncommercialNo Derivative Works par cabreraluengo.comAttributionNoncommercialNo Derivative Works par SUXSIEQ, AttributionNoncommercialShare Alike par Toni Juliá

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Entendiendo la #spanishrevolution http://owni.fr/2011/05/21/entendiendo-la-spanish-revolution/ http://owni.fr/2011/05/21/entendiendo-la-spanish-revolution/#comments Sat, 21 May 2011 10:55:38 +0000 Enrique Dans http://owni.fr/?p=63812

Escucharás todo tipo de tonterías sobre las movilizaciones de Sol y en muchas ciudades de España: desde la conspiranoia absurda de quienes siempre ven fantasmas detrás de cualquier cosa, hasta la simplificación burda de quien pretende etiquetarlas como antisistema a pesar de tenerlas debajo de la nariz, hasta la estupidez de pretender que se está de acuerdo con aquellos que protestan precisamente contra ti, contra lo que has hecho y contra lo que representas.

Totalmente de acuerdo con Periodismo Humano: aquí está ocurriendo algo grande. Descartadas absoluta y radicalmente las conspiranoias estúpidas, la interpretación es clara y contundente: la gente está saliendo a la calle porque exigen un cambio. Un cambio de fondo en la manera de hacer política, de gestionar la democracia. Perderse analizando las peticiones de unos y de otros es un ejercicio vano: entre las personas que veo en la calle manifestándose, muy pocos apoyarían de manera expresa esas peticiones. Muchos ni se paran a leerlas, porque simplemente no vale la pena: los ciudadanos salen a la calle con una petición transversal, pidiendo un cambio radical, porque los partidos políticos y el sistema ya no les representan. Representan a otros. Sobre las peticiones concretas… eso vendrá más adelante: por ahora, cambiemos. ¿A qué? Es demasiado pronto para saberlo, y solo cabe desear que, sea lo que sea, sea pacífico, ordenado y civilizado. Completamente de acuerdo con la entrada de Antonio Ortiz en este sentido.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Las claves del movimiento que estamos viviendo:

1 – El origen, el desencadenante: el momento en que tres partidos mayoritarios, PSOE, PP y CiU, pactan para sacar adelante la ley Sinde, en abierta contradicción con la voluntad de la inmensa mayoría de los ciudadanos, y favoreciendo a un lobby económico de presión.

Ojo: eso es únicamente el origen, el detonante: a día de hoy, ya no tiene el menor interés ni relevancia en las protestas. Pero ver los patéticos empeños por “sacar la ley a costa de lo que fuera” con toda la red puesta en su contra y retransmitiéndolo en directo tuvo el mismo efecto, con todo el respeto y pidiendo perdón por la trágica comparación, que el suicidio de Mohammed Bouazizi quemándose a lo bonzo en Túnez. Del activismo en contra de la ley Sinde surgió directamente el movimiento #nolesvotes, además de la cristalización de un patente clima de descontento con toda una manera de hacer política.

2 – Los motivos reales son, y a nadie se le escapan, temas como la gestión de la crisis económica, la corrupción, el desempleo (muy especialmente la tasa de más del 40% de paro juvenil) y sobre todo, la desafección con una clase política identificada como uno de los principales problemas de la ciudadanía en las encuestas del CIS.

El desencanto con una forma de hacer política que convierte al votante en un ente sin importancia que deposita una papeleta en una urna y que con ella legitima a un partido para hacer lo que le dé la gana durante cuatro años, un partido convertido en una gran empresa ineficiente y corrupta que responde a los intereses de lobbies de poder, no a los de sus votantes.

3- El testigo es recogido por otras asociaciones: JuventudSinFuturo primero o DemocraciaRealYA después, fueron capaces de organizarse de manera brillante, civilizada y pacífica para trasladar ese movimiento a las calles. Esa era “la prueba de fuego”, el “momento de la verdad”: antes de la materialización de las protestas en la calle, la red hervía con decenas de tweets por minuto, con grupos de Facebook y con entradas en blogs, pero no había dado el paso.

Tras las protestas, los ciudadanos se dan cuenta ya no de que no están solos en su opinión, sino de que la organización y la acción son posibles, son una realidad. Y la barrera de entrada que tantos tenían para salir a la calle cae.

4 – La decisión de salir a la calle responde a una sensación general, no a una reivindicación concreta de una serie de puntos programáticos. En la calle puedes ver de todo: personas de todas las edades, de todo tipo de ideología, de toda condición. Estudiantes con camiseta amarilla, desempleados, punkies, jubilados, empresarios, profesores… de verdad, estuve allí, y me encontré con todos esos perfiles, uno por uno, y algunos más. Uno saluda a quien conoce, y tuve ocasión de saludar a varios ex-alumnos, a compañeros de trabajo, a personas que conozco que han montado empresas en la red, a directores de cine, a abogados, a periodistas… de todo, como en botica. Literalmente de todo.

No esperes un acuerdo con respecto a las medidas a tomar, es imposible. Pero sobre lo que sí hay acuerdo es sobre la necesidad de un CAMBIO. Y eso no tiene ya vuelta atrás.

5 – La simplificación es mala. Que los jóvenes de izquierdas sean los que más rápidamente tienden a salir a la calle no quiere decir nada, y pretender adscribir una protesta como esta a una ideología o a un partido concreto es sencillamente absurdo. Es normal e inevitable. Pretender ponerse delante de la gente para que parezca que te están siguiendo es más patético aún: en un movimiento hiperconectado, quien intenta “dirigir” aplicando técnicas pastoriles como si se tratase de un rebaño recibe inmediatamente su merecido en la red.

En Egipto hubo momentos en los que parecía que los Hermanos Musulmanes monopolizarían la protesta, y otros en los que se veía un claro componente diverso y plural. Aquí no hay líderes, hay personas. No se sigue a nadie en concreto ni es bueno que así sea, se persigue un deseo de cambio, eso es todo. Adscribir las protestas a movimientos organizados, a una estrategia concreta o a unas personas específicas es una interpretación trasnochada típica de quienes no entienden nada de lo que está pasando.

Buscar más organización, pretender que se hagan peticiones concretas, pedir un liderazgo más claro y personalizado o buscar debajo de las piedras un origen retorcido es absurdo: no puede ser, y además es imposible.

6 – ¿Y ahora? Ahora más. Encendida la mecha, es muy difícil de parar. La manifestación del 15M en Madrid congregó a decenas de miles de personas en un evento autorizado y organizado durante semanas. La de ayer 17 en Sol, en cambio, se organizó en cuestión de horas, usando únicamente Twitter y Facebook, y llenó casi completamente una plaza de diez mil metros cuadrados hasta convertirla en intransitable. El ejemplo, además, ha cundido ampliamente en otras ciudades.

El control de todos estos movimientos es, sencillamente, imposible. Se puede y se debe intentar por todos los medios que todo transcurra pacífica y civilizadamente, pero nada asegura que no surjan desde movimientos incontrolados de un lado hasta reacciones excesivas del otro. La desafortunada orden de desalojo de la acampada de Sol el domingo por la noche desencadenó la manifestación del martes por la tarde, y este fenómeno puede ocurrir más veces.
7 – Lo importante es entender que se ha dado un paso, un paso hacia un modelo en el que los partidos políticos van a tener que entender, por las buenas o por las malas, que no pueden seguir ignorando a los ciudadanos y defendiendo los intereses de otros. Que la política no puede seguir gestionándose así.

Esto no es Túnez, ni Egipto: en España hay un gobierno democráticamente constituido y nadie sale a la calle pretendiendo derribarlo, pero son necesarios cambios importantes, cambios de fondo, cambios drásticos que los partidos tienen que acomodar ya. Por el momento, los partidos están minimizando la importancia de este tema, y pensando que “ya se les pasará”. Esa no es la dinámica. Probablemente la magnitud del cambio requerido sea tal, que exija desde modificaciones de la Ley Electoral hasta puede que de la mismísima Constitución. Pero si no se hacen, si no se ven avances en este sentido, el movimiento continuará y seguramente crecerá.

Si llegamos al domingo 22 y las elecciones vuelven a presentar el mismo panorama y los mismos mensajes de siempre, mi impresión es que el movimiento se va a intensificar. Pero sobre las dinámicas genuinamente sociales nadie tiene control, ni capacidad de predicción infalible. Lo único cierto es que España ya tiene su revolución.


Publicado en el blog de Enrique Dans : “Entiendo la #spanishrevolution” Fotos via Flickr : Amayita [cc-by-nc-nd] ; Garcia Villaraco [cc-by-nc-sa] ; Brocco Lee [cc-by-sa] via el wiki de #nolesvotes, logo sur fond noir nolesvotes

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Comprendre la révolution espagnole http://owni.fr/2011/05/21/comprendre-la-revolution-espagnole/ http://owni.fr/2011/05/21/comprendre-la-revolution-espagnole/#comments Sat, 21 May 2011 10:54:06 +0000 Enrique Dans http://owni.fr/?p=63791

[tous les liens de ce billet sont en espagnol, sauf mention contraire]

Enrique Dans est professeur des systèmes de l’information à la IE Business School et blogueur reconnu en Espagne. Il s’intéresse notamment aux effets des nouvelles technologies sur les populations et les entreprises. Dans ce billet publié sur son blog le 18 mai, il explique en sept points les causes de ce soulèvement.

Vous entendez toutes sortes de bêtises sur les mobilisations à Sol et dans de nombreuses villes d’Espagne : des théories conspirationistes absurdes [émission de radio] de ceux qui voient des ombres derrière toutes choses, jusqu’à la simplification grossière de ceux qui mettent l’étiquette “anti-système” alors même qu’ils ont la réponse sous les yeux. Ou encore la stupidité de de ceux qui prétendent être d’accord avec les manifestants [pdf], alors que ceux-ci protestent précisément contre eux, ce qu’ils ont fait et contre ceux qu’ils représentent.

Je suis totalement d’accord avec Periodismo Humano : quelque chose de grand est en train de se passer ici. Le rejet des théories conspirationnistes stupides est absolu et radical, l’interprétation est claire et convaincante : les gens descendent dans la rue parce qu’ils réclament un changement. Un changement sur le fond dans la manière de faire de la politique et d’exercer la démocratie.

Analyser les demandes des uns et des autres est un exercice vain : parmi les gens que je vois manifester dans la rue, très peu soutiendraient explicitement ces demandes. Beaucoup arrêtent de les lire parce qu’elles n’en valent tout simplement pas la peine : les citoyens descendent dans la rue avec une contre-pétition, appelant à un changement radical, parce que les partis politiques et le système ne les représentent déjà plus. Ils en représentent d’autres.

En ce qui concerne les demandes concrètes… cela viendra plus tard, pour le moment, nous sommes dans un processus de changement. De quoi ? Il est trop tôt pour le savoir, et il possible d’espérer que, quel qu’il soit, ce changement soit pacifique, ordonné et civilisé. Je suis entièrement d’accord avec le billet d’Antonio Ortiz à cet égard.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Voici les clefs du mouvement que nous sommes en train de vivre :

L’origine, le déclenchement

C’est le moment où les trois grands partis, PSOE, PP et CiU, forment un pacte pour faire passer la ley Sinde , en contradiction flagrante avec la volonté d’une grande majorité de citoyens, pour faire plaisir à un lobby. Attention, ceci n’est que le début, le détonateur : à l’heure actuelle, cela n’a déjà plus d’intérêt ou de pertinence dans les manifestations. Mais en voyant l’acharnement pathétique à “faire passer cette loi à tout prix” alors que l’ensemble du réseau s’était soulevé contre elle, le relayer en direct a eu le même effet – avec tout le respect dû aux tunisiens et en demandant pardon d’avance pour la comparaison tragique – que le suicide de Mohammed Bouazizi s’immolant en Tunisie. De l’activisme contre la ley Sinde est né le mouvement #nolesvotes (ne votez pas pour eux), en plus de la cristallisation d’un climat de mécontentement évident contre toute une manière de faire de la politique.

Les motifs réels

Les véritables raisons sont, et cela n’a échappé à personne, des sujets tels que la gestion de la crise économique, la corruption, le chômage (en particulier le taux de  plus de 40% de chômage pour les jeunes) et surtout, la désaffection envers une classe politique, identifiée comme l’un des problèmes majeur de la citoyenneté dans les enquêtes du CIS. Egalement, le désenchantement que l’on peut ressentir face à cette manière de faire de la politique qui fait de l’électeur un être sans importance, juste bon à déposer un bulletin dans une urne et qui, par cet acte, donne à un parti politique toute la légitimité de faire ce que bon lui chante pendant quatre ans. Un parti qui est devenu une grande entreprise inefficace et corrompue répondant aux intérêts des lobbies et pas à ceux des citoyens.

Place Sol à Madrid : Nous ne nous tairons pas ! La démocratie, maintenant !

Le témoignage est recueilli par d’autres associations

D’abord JuventudSinFuturo (Jeunesse sans futur) et ensuite DemocraciaRealYA (Une vraie démocratie maintenant !) ont été capables de s’organiser brillamment, avec civilité et pacifiquement pour transposer ce mouvement dans la rue. Ce fut l’épreuve du feu, le “moment de vérité” :  avant que les protestations ne prennent vie dans la rue, le réseau bouillonnait de dizaines de tweets par minute, de groupes Facebook et de posts de blogs, mais personne n’avait encore sauté le pas. Après les protestations, les gens se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas les seuls à partager cet opinion, et que si l’organisation et l’action sont possibles, ils sont aussi une réalité concrète. C’est comme cela qu’est tombée la barrière que beaucoup se mettaient pour descendre dans la rue.

La décision de descendre dans la rue répond à un sentiment général

Et non pas à une revendication particulière comme une série de points d’un programme. Dans la rue, vous pouvez voir des personnes de tous les âges, opinions politiques, de toutes les conditions sociales. Des étudiants en chemises jaunes, des chômeurs, des punks, des retraités, des entrepreneurs, des enseignants … J’étais là, concrètement, et j’ai rencontré tous ces profils, un par un, et plus encore. Un qui salue une connaissance, et j’ai pu moi-même saluer plusieurs anciens élèves, des collègues, des gens que je connais qui ont créé des start-up, des cinéastes, des avocats, des journalistes … On trouve de tout. Littéralement tout.

Ne vous attendez pas à un accord sur les mesures à prendre, c’est impossible. Mais s’il y a une chose sur laquelle il existe bien un accord c’est la nécessité d’un CHANGEMENT. Et un retour en arrière n’est pas envisageable.

La démocratie, maintenant !

La simplification est mauvaise

Que les jeunes de gauche soient les plus susceptibles de descendre dans la rue ne veut rien dire, et prétendre inscrire ce soulèvement dans une idéologie ou un parti spécifique est tout simplement absurde. C’est normal et inévitable. Tenter de se placer devant les gens pour faire croire qu’ils vous suivent est encore plus pathétique : dans un mouvement aussi connecté, la personne qui tente de “diriger” en appliquant des techniques pastorales comme on le ferait pour un troupeau de bêtes se fait immédiatement régler son compte sur les réseaux sociaux.

En Égypte, il avait eu des moments où il semblait que les Frères musulmans monopolisaient la protestation, et d’autres qui montraient clairement la diversité et la pluralité au sein du mouvement. Ici il n’y a pas de leader, il y a des gens. Personne ne suit personne réellement, il ne s’agit même pas de savoir si c’est bien comme ça ou pas. Le désir de changement continue d’être présent, et c’est tout.

Attribuer ces manifestations à des mouvements organisés, à une stratégie concrète ou a des personnes spécifiques est une vieille interprétation, typique de ceux qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Chercher à mieux organiser le mouvement, prétendre que des demandes concrètes sont en cours, demander un leadership plus clair et incarné ou chercher sous les pierres son origine alambiquée est absurde : cela ne peut pas être, et plus que tout, c’est impossible.

Et maintenant ? Maintenant nous voulons plus !

Une fois la mèche allumée, il est très difficile de l’éteindre. La manifestation du 15M (15 mai) à Madrid a rassemblé des dizaines de milliers de personnes ; un événement autorisé et organisé depuis des semaines. Cependant celui d’hier, le 17 mai à Sol, a été organisé en quelques heures, en utilisant uniquement Twitter et Facebook. La place de 10000 m2 fut presque entièrement remplie, jusqu’à la rendre impraticable.

L’exemple s’est également largement étendu à d’autres villes. Le contrôle de tous ces mouvements est tout bonnement impossible. Il faut absolument, et par tous les moyens, que tout se déroule de façon civilisée et pacifique, mais ne nous ne sommes pas sûrs d’éviter des mouvements incontrôlés d’une part ou des réactions excessives d’autre part.  L’ordre malheureux d’expulsion du camp de la place Sol dans la nuit de dimanche a déclenché le rassemblement de mardi après-midi, et ce phénomène pourrait se produire plus souvent.

L'avarice nique la liberté

Il est important de comprendre que nous avons passé une étape

Une étape vers un modèle que les partis politiques devront comprendre, de gré ou de force. Ils ne peuvent plus ignorer les citoyens et défendre d’autres intérêts. La politique ne peut pas continuer à être menée de cette manière là.

Nous ne sommes pas dans le cas de la Tunisie ou de l’Égypte : en Espagne il y a un gouvernement démocratiquement constitué et personne ne descend dans la rue pour le renverser, mais des changements importants sont nécessaires, des changements en profondeur et drastiques que les partis devront mettre en place maintenant.

Pour l’instant, les partis politiques sont en train de minimiser l’importance de cette question, et pensent : « ça va leur passer ». Mais nous ne sommes pas dans cette dynamique. Probablement l’ampleur du changement nécessaire est telle que nous devrons faire des modifications depuis le code électoral jusqu’à la Constitution elle-même. Mais si cela ne se fait pas, si des avancées dans ce sens ne se font pas sentir, le mouvement continuera, et a de fortes chances de s’étendre.

Si nous tenons jusqu’au dimanche 22 mai et que les élections nous ressortent le même scénario et toujours les mêmes messages, j’ai le sentiment que le mouvement va s’intensifier. Mais en qui concerne ces mouvements de société, personne n’en possède le contrôle ou le pouvoir de prédire ce qu’il en adviendra.
La seule certitude est que l’Espagne a déjà sa révolution.


Publié initialement sur le blog de Enrique Dans, sous le titre “Entiendo la #spanishrevolution”

Traduction : Ophelia Noor

Crédits photos :
via Flickr : Amayita [cc-by-nc-nd] ; Garcia Villaraco [cc-by-nc-sa] ; Brocco Lee [cc-by-sa]
via le wiki de #nolesvotes, logo sur fond noir nolesvotes


Retrouver notre dossier sur la démocratie réelle en Espagne :

La voix graphique de l’Espagne
Comprendre la révolution espagnole
Notre précédent dossier, du 21 mai 2011, sur la naissance du mouvement.

Tout les articles concernant l’Espagne sur Owni /-)

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