Infobésité: arrêtez avec ce non-sens

Le 31 août 2010

Aref Jdey, du blog Demain la veille, nous explique que l’infobésité est une caractéristique intrinsèque de l’évolution de l’Homme et de son rapport à la connaissance. Normal donc d'en trouver trace voilà des siècles, bien avant le Net.

J’ai déjà abordé le sujet de l’infobésité (appelée également information overload) à plusieurs reprises sur ce blog, et récemment à travers l’article « Death by information overload ». J’expliquais en effet que cette situation de surabondance d’information était déjà présente avant même l’ère de Gutenberg.

Aujourd’hui je reviens à la charge en affirmant encore une fois que l’infobésité relève plutôt du non-sens puisque c’est une caractéristique intrinsèque de l’évolution de l’Homme et de son rapport à la connaissance. Récemment, le New York Times a publié un article invitant ses lecteurs à faire des pauses régulières dans l’utilisation des terminaux électroniques : iPad, smartphone, laptop… Selon le journal, le cerveau a besoin d’un temps de repos, (ah bon ! Je le savais pas !) et ce de manière régulière, pour éviter le burnout, et lui préserver toutes ses capacités de « calcul ».

At the University of Michigan, a study found that people learned significantly better after a walk in nature than after a walk in a dense urban environment, suggesting that processing a barrage of information leaves people fatigued. Even though people feel entertained, even relaxed, when they multitask while exercising, or pass a moment at the bus stop by catching a quick video clip, they might be taxing their brains, scientists say.

Cette utopie d’atteindre une situation d’équilibre entre « offre et demande » de l’information, fait le bonheur de plusieurs acteurs, à commencer par les éditeurs logiciels (search, veille, GED…) qui surfent sur la vague « la bonne information à la bonne personne au bon moment ».

Or, il faut savoir que déjà, à l’ère des livres, les mêmes problèmes se posaient aux utilisateurs et lecteurs : comment éviter les maux de tête et la fatigue pour trouver, lire et exploiter les bonnes ressources documentaires ? Robert Burton, dès 1621, soulevait ces problématiques de manière pertinente :

What a glut of books ! Who can read them ? As already, we shall have a vast Chaos and confusion of Books, we are oppressed with them, our eyes ache with reading, our fingers with turning. For my part I am one of the number–one of the many–I do not deny it…

Son ouvrage The Anatomy of Melancholy détaille dans tous les sens les symptômes et les difficultés de ce malaise général, de sur-information.

Cette thèse a été par ailleurs appuyée dans l’article Reading strategies for coping with information overload, ca.1550-1700, par Ann Blair. Cette production édifiante, démontre par exemple que les techniques du copier-coller sont déjà présentes à l’époque de l’imprimerie, et que les scientifiques et enseignants au 17e siècle, ont développé des techniques de lecture nouvelles basées sur l’index alphabétique, la prise de note, les abréviations pour éviter de « tout lire » puisque la capacité humaine de lecture était dépassée par le volume des productions.

Tout ça pour dire que aborder la problématique de gestion stratégique de l’information (et non gestion de l’information stratégique) par l’angle de la sur-information revient à tourner en rond, puisque le taux de production de contenus sera toujours plus élevé que le taux d’absorption humain et d’assimilation des données.

La même situation, une sorte de digression, se trouve sur le plan alimentaire entre les MacDo, et autres services de consommation, est-on pour autant « submergé » par la bouffe ? C’est plutôt la conscience du fait qu’on a une capacité limitée de consommation qui nous « oblige » à s’organiser pour éviter de tomber dans l’excès (sauf exception bien sûr).

De ce fait, et impérativement, de nouvelles formes de lectures vont se développer, avec de nouveaux supports, de nouveaux canaux et de nouvelles difficultés et limites. L’adaptation humaine ne fait que se poursuivre.

Billet initialement publié sur Demain la veille

Crédits photo :  Kees van Mansom

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